Une meilleure répartition des centres fédéraux d’accueil, réduire leur taille, mais aussi renforcer l’encadrement social des requérants d’asile. C’est le contenu d’une initiative cantonale destinée à l’Assemblée fédérale acceptée mardi par le Grand Conseil neuchâtelois.
« Il faut que la Berne fédérale se bouge ». C’est le message que les députés neuchâtelois ont souhaité envoyer aux parlementaires qui siègent sous la Coupole. Le Grand Conseil a accepté mardi par 97 oui et une opposition une initiative cantonale urgente destinée à l’Assemblée fédérale. Elle réclame un système d’asile à dimension humaine. Le texte porté par le groupe socialiste souhaite une meilleure répartition sur le territoire suisse des centres fédéraux d’accueil (CFA) des requérants, de plus petite taille et adaptés aux localités dans lesquelles ils se trouvent, souligne le député PS et premier signataire Romain Dubois.
Le texte demande aussi de prévoir un net renforcement de l’encadrement et de l’accompagnement social et intégratif des requérants d’asile et une meilleure gestion des personnes présentant des problèmes sécuritaires, dans et aux abords des centres.
La procédure préalable doit être améliorée pour permettre le renvoi des personnes présentant des comportements problématiques. Les députés aimeraient aussi que le suivi de la santé, notamment mentale, des requérants, soit renforcé et prévu de la manière la plus précoce possible dans la procédure d'asile.
Romain Dubois : « Faire marcher la solidarité fédérale, la solidarité entre les cantons, pour accueillir les personnes qui en ont besoin. »
Romain Dubois se réjouissait aussi du vote quasi unanime du Grand Conseil sur ce texte. « Ça montre que l’ensemble des partis politiques ont une position commune, comme quoi des centres fédéraux trop grands, c’est problématique. Sur le terrain, on voit que ça ne fonctionne pas. »
« Les députés neuchâtelois sont tous d’accord, quelle que soit leur position politique, de dire : aujourd’hui, il faut changer cette politique fédérale d’asile. »
Les abords du CFA de Boudry, le seul de Suisse romande, posent des problèmes sécuritaires depuis plusieurs années. Une pétition a été lancée en ligne en février par des habitants de la commune. « Il y a une amélioration visible de la situation depuis plusieurs mois en ce qui concerne le sentiment d'insécurité », a déclaré Florence Nater, conseillère d'État, en charge de la cohésion sociale.
Dans la durée
Le fait que le CFA compte actuellement environ 300 personnes, soit une capacité inférieure à celle convenue avec la Confédération, joue un rôle, a ajouté Florence Nater. Ce chiffre est plus en adéquation avec la taille de Boudry. Le dispositif mis en place, avec des agents de sécurité dans les transports publics, et des médiateurs dans la rue, a permis également d'améliorer la situation. « Il faut l'inscrire dans la durée », a précisé la conseillère d'État.
Interventions policières en hausse
À la suite d'une question du groupe UDC, le conseiller d'État en charge de la sécurité, Alain Ribaux, a déclaré que la police est intervenue à 125 reprises au CFA de Boudry et à 21 reprises au centre pour requérants récalcitrants des Verrières depuis le début de l'année. Ces chiffres sont en légère hausse par rapport à la même période de 2023. Les interventions ont duré de quelques minutes à plusieurs heures. /ats-jpp