Un salon mauresque d’exception à Neuchâtel

Cet ensemble décoratif date des années 1881-1882. L’État de Neuchâtel a accordé une subvention ...
Un salon mauresque d’exception à Neuchâtel

Cet ensemble décoratif date des années 1881-1882. L’État de Neuchâtel a accordé une subvention de 23'269 francs à la propriétaire du lieu pour des travaux de restauration.

La paroi ouest du salon mauresque situé Faubourg de l'Hôpital 29 à Neuchâtel. (Photo: Atelier Meta) La paroi ouest du salon mauresque situé Faubourg de l'Hôpital 29 à Neuchâtel. (Photo: Atelier Meta)

Un décor oriental d’exception niché dans une demeure à Neuchâtel. Un salon mauresque a été construit dans les années 1881-1882 au Faubourg de l’Hôpital 29. Cet ensemble décoratif a récemment retrouvé toute sa splendeur à la suite de travaux de restauration auxquels l’État de Neuchâtel a contribué à hauteur de 23'269 francs.

Ce salon de style orientaliste a été réalisé pour le compte d’Henri Robert-Tissot, l’un des propriétaires à l’époque de la fabrique d’ébauches de Fontainemelon. Il se compose d’éléments d’influences diverses, explique Claire Piguet, historienne à l’Office du patrimoine bâti et immatériel de l’État de Neuchâtel.

« Il y a des exemples qui sont tirés de l’écriture coufique comme la date ou l’inscription qui est sur l’une des frises, on a des carreaux de faïence qui sont d’inspiration turque, de la période ottomane, mais il y en a d’autres qui sont d’inspiration hispano-mauresque […] ».

Claire Piguet : « C’est un mélange d’emprunts à toutes sortes de choses et qui donne un ensemble qu’on considérait comme oriental. »

Claire Piguet et sa collègue Anne-Laure Juillerat ont dû mener une véritable enquête pour tenter d’en savoir davantage sur l’origine de ce lieu. Le premier élément marquant est la date qui figure dans le décor, 1298-1299. « En fait, c’est une date inscrite en caractère coufique, donc d’une écriture arabe ancienne » qui équivaut dans notre calendrier à 1881-1882, explique Claire Piguet.

Si les motifs de ce décor sont empruntés à l’Orient, les matériaux utilisés, variés et qualifiés de belle qualité, se révèlent de la région. Claire Piguet évoque des catelles d’origine parisienne, de la pierre d’Hauterive et du bois de chêne notamment. »

Selon l’historienne, on ne connaît pas de voyage autour de la Méditerranée ou en Orient de la part du couple Robert-Tissot, mais Henri Robert-Tissot était très au fait des dernières tendances et certaines de leurs connaissances avaient probablement des aménagements de ce type. En revanche, ce salon est l’un des rares à avoir été préservé, avec le minaret de Serrières et celui qu’abrite le château d’Oberhofen, au bord du lac de Thoune. Il s’agit ainsi d’un décor d’exception à l’échelle suisse, selon l’État de Neuchâtel.


Un salon fraîchement restauré

Pour le préserver et le restaurer, la propriétaire des lieux a créé une association dans le but de lever des fonds. Elle a également demandé la mise sous protection du lieu au Canton. Les travaux ont permis de renforcer l’étanchéité de la coupole et de raviver les couleurs des décors, qui ont été minutieusement nettoyés, notamment avec l’aide d’étudiants de la Haute école bernoise de conservation-restauration. « On a pu tout nettoyer et retrouver tous les détails », explique la propriétaire des lieux, Sylvaine Dinarica.

Sylvaine Dinarica : « Maintenant, il a ses couleurs d’origine, ce qui est très satisfaisant. »

Sylvaine Dinarica (à gauche), propriétaire du salon mauresque, et Claire Piguet, historienne à l’Office du patrimoine bâti et immatériel de l’État de Neuchâtel. Sylvaine Dinarica (à gauche), propriétaire du salon mauresque, et Claire Piguet, historienne à l’Office du patrimoine bâti et immatériel de l’État de Neuchâtel.

Le public neuchâtelois a la possibilité de découvrir ce salon mauresque, car celui-ci peut être loué pour des mariages, des fêtes ou des concerts, par exemple. La propriétaire réalise également des visites sur demande. /sbm


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