Renforcé par des rentrées fiscales « exceptionnelles », l’exercice 2024 présente un excédent de revenus de 56,4 millions de francs. Malgré ce résultat record, les autorités restent prudentes face à un avenir qualifié d’« incertain ».
Depuis 1970, les comptes de l'Etat de Neuchâtel n'avaient jamais atteint un bénéfice supérieur à 14 millions de francs. En 2024, il dépasse les 56 millions. (photo : archives)
Les comptes de l’État de Neuchâtel atteignent des sommets. Les autorités ont présenté mercredi le résultat de l’exercice 2024, bénéficiaire de 56,4 millions de francs. Un excédent de revenus « historique », selon la conseillère d’Etat en charge des finances, Crystel Graf, et largement supérieur aux 9,5 millions prévus dans le budget validé par le Grand Conseil en décembre 2023.
Pour expliquer ce résultat, le Conseil d’État met en avant « une conjoncture favorable et des revenus fiscaux plus importants qu’escomptés, avec notamment une évolution positive de l'impôt direct des personnes physiques (+32,5 millions) et des personnes morales (+44,3 millions). » Patrick Aubry, chef du service financier du canton de Neuchâtel, souligne que « les recettes fiscales ont explosé, tous les indicateurs étaient positifs sur l’exercice 2024. »
Patrick Aubry : « C’est très difficile d’anticiper une évolution aussi marquée. »
Réserves intactes
Le Canton souligne que cette forte hausse des rentrées fiscales a permis « d’éviter plusieurs prélèvements aux réserves prévus au budget et de combler l’absence de versement de la part au bénéfice de la Banque nationale suisse, initialement budgété à hauteur de 27 millions. » L’exercice 2024 a aussi permis d’attribuer 50,4 millions à la réserve de lissage des recettes fiscales, soit 35,5 millions de plus que prévu.
Grâce à ce résultat, l’État de Neuchâtel peut aussi éviter de prélever 10,6 millions à la fortune du fonds d’aides aux communes au titre de la compensation des charges géotopographiques. Enfin, alors que le budget prévoyait un prélèvement à la réserve conjoncturelle de 13,1 millions, c’est finalement une attribution de 2,8 millions qui a eu lieu, « permettant à ladite réserve de se situer à son maximum légal (122,9 millions) », ajoutent les autorités.
Volume insuffisant des investissements
À noter par contre que les critères du frein à l’endettement ne sont que partiellement respectés dans ses comptes 2024. En effet, les investissements nets qui s’élèvent à 82 millions de francs, soit 3,42% des revenus déterminants, n’atteignent pas le volume minimal prévu par la loi, qui fixe l’objectif à 3,5%. « Ce n’est pas un problème », assure Patrick Aubry. « On aurait eu environ 110 millions d’investissements sans quelques effets comptables », justifie le chef du service financier. Le degré d’autofinancement des investissements est lui largement supérieur au minimum fixé à 70% puisqu’il atteint 120,98%, selon les autorités.
Rigueur face aux défis
Même si les comptes 2024 de l’État de Neuchâtel affichent un bénéfice record de 56 millions de francs, les autorités invitent à une certaine prudence. « Les recettes fiscales vont baisser », prévient Patrick Aubry.
« On arrive à la fin d’un cycle. »
Crystel Graf abonde dans le même sens : « les perspectives financières appellent au maintien d’une grande rigueur. » La conseillère d’État rappelle que les bénéfices de ces dernières années ne comblent, et de loin pas, les pertes des comptes déficitaires.
Elle anticipe également que les années à venir pourraient être plus compliquées, en soulignant par exemple que le taux de chômage repart à la hausse, que l’économie neuchâteloise pourrait souffrir de la politique internationale et que les dépenses en matière de transports publics et de santé vont augmenter. Les autorités rappellent enfin que le plan financier 2026-2028 du Canton, qui comprend une importante hausse du volume des investissements, présente des déficits importants, compris entre 30 et 50 millions de francs. /comm-gjo
