Les récentes annonces des distributeurs d’énergie de baisser leurs tarifs de reprise du photovoltaïque incitent la population à l’autoconsommation. Mais il faut garder une surface relativement importante pour passer l’hiver, rappelle de son côté la Coopérative solaire Neuchâtel.
L’annonce a marqué les propriétaires de panneaux solaires la semaine passée : Groupe E a communiqué une mise à jour de ses prix de rémunération de l’électricité issue des installations photovoltaïques, en s’adaptant dès 2025, à la loi sur l’électricité qui entrera en vigueur en 2026. Adieu la rétribution à prix fixe et place à un tarif de référence du marché trimestriel, dont les prix exacts ne sont pas encore connus. Dans la foulée, les autres acteurs neuchâtelois que sont Viteos et Eli10 ont annoncé une adaptation du tarif de reprise de l’énergie photovoltaïque dès 2025, sans s’aligner sur la période trimestrielle pour le moment.
Cette adaptation des prix semble précipitée, mais elle provient d’un constat simple : l’offre est plus importante que la demande, notamment en été. Ou comme le détaille Pascal Murith, directeur de la Société électrique du Val-de-Travers et président de l’AEE (organisation de l’économie des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique) Neuchâtel : « Aujourd’hui, on a une production qui est excédentaire au niveau de l’énergie solaire. Les distributeurs sont déjà en train d’anticiper le marché sur lequel les prix de l’énergie sont en baisse. » Sans adaptation, selon Pascal Murith, tous les clients devraient alors payer pour rentabiliser les installations photovoltaïques des privés.
Pascal Murith : « Le client qui n’a pas de panneaux solaires va sponsoriser indirectement le client qui en a. »
Selon le président de l’AEE, on observe en ce moment un changement de paradigme Avec la baisse des prix de reprise, l’autoconsommation sera à privilégier pour les propriétaires privés de panneaux solaires. Et pour les nouveaux acquéreurs ? « Il faut essayer d’utiliser localement ce qu’on produit localement » explique Pascal Murith. « Et ne pas surproduire, le marché n’est pas à même d’absorber cette surproduction solaire. »
« Si vous utilisez l’énergie de dix panneaux solaires, hier on vous aurait dit d’en mettre 20 et de vendre le reste. Aujourd’hui on vous dira plutôt d’en mettre dix, ça sera la meilleure solution pour vous. En tout cas financièrement. »
Pour passer l’hiver, il faut des panneaux solaires
Cet avis n’est pas partagé par le co-président de Coopsol, Jean-Luc Nagel. « Ça parait logique d’un point de vue économique, mais qui malheureusement n’aide pas à produire plus rapidement davantage d’électricité renouvelable. » Jean-Luc Nagel redoute la réaction des propriétaires privés. Si le co-président de Coopsol reconnait que l’énergie récoltée à midi en été ne vaut pas grand-chose, il souhaite mettre l’accent sur d’autres périodes de l’année : « Au printemps et en automne, au début et en fin de journée, le solaire a toute sa raison d’être. » Jean-Luc Nagel déplore la baisse des tarifs de reprise du photovoltaïque au strict minimum, ce qui donne selon lui un mauvais message à la population.
Jean-Luc Nagel : « Il faut vraiment installer beaucoup de panneaux solaires pour pouvoir produire à ces moments-là (au printemps et en automne), quitte à produire trop. »
Jean-Luc Nagel précise encore que les conséquences de ces annonces sur Coopsol ne sont pas encore connues, car les tarifs n’ont pas été communiqués par son gestionnaire. Mais le co-président se veut confiant.
Nos deux intervenants se retrouvent sur un point : à l’avenir, il faudra toujours compter sur le mix des énergies renouvelables. Le solaire ne pourra pas peser seul dans la balance, l’éolien et les productions hydroélectriques seront nécessaires. /swe