Avec les périodes de sécheresse, les conflits d'usage de l'eau vont augmenter. Les Verts veulent une gestion concertée par bassin versant. Ils ont déposé un postulat en ce sens dans les cantons de Neuchâtel, Berne et Vaud et une motion dans celui de Fribourg
Les Verts veulent une gestion supra-cantonale des eaux de la région des Trois-Lacs. Des élus de Neuchâtel, Berne, Fribourg et Vaud se sont réunis ce jeudi à Neuchâtel pour lancer un appel à leur gouvernement respectif. Un texte a été déposé dans chaque législatif pour que les exécutifs se penchent sur la question des bassins versants, qui alimentent les plans d’eaux. « La vision doit dépasser le pré carré des limites cantonales », explique le député au Grand Conseil fribourgeois, Julien Vuilleumier. « Il faut identifier les conflits d'usage, les risques et définir des priorités ».
Les conflits peuvent concerner des choix entre l'usage de l'eau potable, l'irrigation des terres agricoles, l'industrie, la production de force hydraulique ou les loisirs. Ce dernier domaine consomme par exemple « d’impressionnantes quantités d’eau pour l’irrigation des terrains de golf, pour remplir des piscines ou pour l’enneigement artificiel des pistes de ski », a expliqué la députée vaudoise, Sabine Glauser.
Julien Vuilleumier, député au Grand Conseil fribourgeois
« Un avant-goût »
« Les restrictions d'eau de l'an dernier sont un avant-goût des tensions qui vont apparaître », a noté la conseillère aux Etats neuchâteloise, Céline Vara. Ces postulats sont un signal. « On espère que les gouvernements cantonaux des Trois-Lacs entendent cet appel et n'attendent pas le traitement parlementaire », a ajouté Julien Vuilleumier.
« On aimerait la mise en place d'une task force. Cela aurait été plus simple que la Confédération prenne le lead, mais celle-ci a estimé que c'était une compétence cantonale. Elle le fera peut-être dans les dix prochaines années, selon l'évolution de la situation », a précisé Céline Vara.
La députée neuchâteloise, Céline Barrelet, a rappelé qu'il existe déjà une convention intercantonale, en lien avec la correction des eaux des Trois-Lacs. Ce postulat, déposé dans quatre cantons, « est un pas pour aller plus loin ».
Céline Barrelet, députée au Grand Conseil neuchâtelois, attend de son l’exécutif qu’il prenne les devants
De nombreuses convoitises
« C'est au canton de Berne qu'incombe la tâche centrale de contrôler le niveau des lacs du pied du Jura, avec l'écluse de Port et le barrage du canal de Hagneck. Cela a généralement bien fonctionné par le passé, mais en raison du caractère varié des crues, cette tâche est liée à un processus d'apprentissage et d'expérience constant », a expliqué de son côté le député bernois, Christoph Grupp. « Il faut une stratégie en amont et en aval des cours d'eau. Tous ces phénomènes ne peuvent pas être résolus par un seul canton, car les cours d'eau, de leur amont jusqu'à l'écoulement de l'Aar dans l'Argovie, traversent au moins cinq territoires cantonaux », a-t-il ajouté.
L'eau des Trois-Lacs fait l'objet de convoitises et nécessite une vision d'ensemble et des actions concertées, a estimé Céline Barrelet. Les projets concernent par exemple l'irrigation dans la Broye, une station de pompage à Estavayer-le-lac ou une station de chaud/froid du groupe E. /ATS-rgi