L’équilibre délicat du rachat du courant solaire

Les trois principales Villes du canton de Neuchâtel demandent à Viteos d’augmenter ses tarifs ...
L’équilibre délicat du rachat du courant solaire

Les trois principales Villes du canton de Neuchâtel demandent à Viteos d’augmenter ses tarifs de rachat du courant photovoltaïque. Mais selon un expert, ce qui compte pour les petits producteurs, c’est plutôt des prix stables que des prix élevés

Entre encouragement de la filière solaire et finances publiques, il faut trouver le juste milieu (photo : archives). Entre encouragement de la filière solaire et finances publiques, il faut trouver le juste milieu (photo : archives).

Le Locle fin janvier, puis La Chaux-de-Fonds et enfin Neuchâtel cette semaine. Dernièrement, les Conseils généraux des trois villes du canton de Neuchâtel ont émis essentiellement la même demande : selon les élus, au nom de la transition énergétique, Viteos doit revoir à la hausse le tarif de rachat de l’électricité des installations photovoltaïques indépendantes. L’entreprise énergétique appartient aux collectivités publiques neuchâteloises. Elle vient d’accepter une hausse de son tarif, à 12,99 centimes par kWh. Mais c’est en-dessous des niveaux pratiqués par ses concurrents. Chez Groupe E, en ce premier trimestre 2023, on en est à 14,45 centimes par kWh. Et dans le canton de Berne, les BKW grimpent jusqu’à 30 centimes. D’où cette demande de hausse du tarif des législatifs.


Un mécanisme fixé dans la loi

Pour comprendre, il faut savoir comment ces prix sont fixés. Depuis 2014, la Loi fédérale sur l’énergie oblige les distributeurs d’énergie actifs en Suisse, comme Viteos, à reprendre le courant injecté dans le réseau par les petits producteurs, par exemple ceux qui ont des panneaux photovoltaïque. Le législateur a fixé un plancher : le tarif payé ne peut pas descendre en-dessous de ce que le distributeur économise grâce à cette production. Reste que selon les experts, cette notion est floue, pas très transparente, et elle laisse énormément de marge aux distributeurs pour fixer la barre où ils le souhaitent. Depuis l’entrée en vigueur de cette règle, seuls deux producteurs ont entamé des démarches pour forcer les distributeurs à revoir leurs prix.


C’est la stabilité qui compte

Surtout, à ce jeu-là, Viteos ne pratique pas la politique de prix la moins concurrentielle du pays, loin de là. C’est ce que souligne le Neuchâtelois Diego Fischer, membre du comité de l’Association des producteurs d’énergie indépendants et de la Société suisse pour l’énergie solaire. Il note qu’historiquement, le distributeur neuchâtelois a toujours fixé la barre assez haut. Si l’entreprise se retrouve aujourd’hui en-dessous de la moyenne, c’est parce que les prix du marché se sont affolés ces derniers mois. Un constat qui appelle à la prudence : si, par exemple, les tarifs des BKW peuvent faire rêver actuellement, s’ils sont élevés, c’est parce qu’ils collent aux prix du marché, qui ont grimpé ces derniers mois. Des prix qui peuvent monter très haut, mais aussi descendre très bas.

« C’est plus important pour un producteur d’avoir une certaine constance ».

Viteos qui n’a pas souhaité commenter sa politique en la matière.

La stabilité des tarifs, selon Diego Fischer, c’est ce qui importe le plus pour les petits producteurs d’énergie, qui amortissent généralement leur investissement sur un quart de siècle. A Berne, une réforme est justement en cours pour harmoniser ces tarifs sur le plan national et leur conférer une certaine stabilité. L’objet est déjà passé au Conseil des Etats et doit être examiné par le National. Mais s’il entre en vigueur, ça ne sera pas avant 2025.

« Ce qu’il faut, c’est une visibilité sur au moins 10-15 ans ».

La question des finances publiques

Reste que dans ce dossier, il y a une autre dimension à prendre en compte. Oui, un distributeur comme Viteos peut encourager la transition énergétique en fixant des tarifs de rachat à un niveau élevé. Mais une entreprise énergétique comme celle-ci a aussi un rôle à jouer dans les finances des collectivités publiques. Il y a donc un équilibre délicat à trouver entre les recettes reversées aux Villes et les prix de rachat du courant.

« Cet argent doit bien venir de quelque part ».

A noter encore qu’un petit producteur d’énergie en Suisse n’est pas obligé de vendre son courant à l’entreprise locale. Il peut signer un contrat avec n’importe quel distributeur dans le pays qui accepte de la racheter. /jhi


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