La vie n’est décidément pas rose au Pays de la Fée verte ! Une partie des distillateurs d’absinthe du Val-de-Travers ne soutient pas la demande d’Indication géographique protégée (IGP) formulée par l’Interprofession. Ils sont une quinzaine, regroupés au sein d’une association, à penser que l'IGP risque de tuer les petites distilleries artisanales. Ils ont été consultés par l’Interprofession mais estiment que leurs doléances n’ont pas été prises en compte. Si le cahier des charges du dossier IGP n’est pas adapté comme ils le veulent, ils se disent prêts à mener le combat sur le plan juridique, jusqu’au Tribunal fédéral.
Les arguments de l’AAA
Leur principale revendication concerne la provenance de certaines plantes utilisées pour fabriquer la boisson mythique. L’Interprofession défend l’idée de faire pousser ces plantes dans la région alors que l’Association des artisans-distillateurs d’absinthe du Val-de-Travers (AAA) veut continuer à pouvoir les importer, comme c’était le cas pendant la période de clandestinité. Selon les membres de l’association, l’utilisation de plantes de la région entraînerait une uniformisation des goûts, toutes les absinthes finiraient par se ressembler malgré des recettes différentes.
L’AAA pointe aussi du doigt la qualité variable des plantes du Vallon et le danger de voir une récolte gâchée à cause de mauvaises conditions météorologiques. Elle met encore en doute la capacité des cultivateurs de la région à pouvoir produire la quantité de plantes nécessaire à l’ensemble des distillateurs.
La position de l’Interprofession
De son côté, l’Interprofession de l’absinthe estime qu’il faut bien définir des règles pour justifier le fait de mentionner le Val-de-Travers sur une étiquette dans le cadre d’une IGP. Selon elle, la seule distillation ne suffit pas, il faut un lien supplémentaire avec la région et le terroir, en utilisant les plantes locales. Elle précise que chaque point du cahier des charges du dossier IGP a été discuté lors de la dernière assemblée générale, le 6 novembre. Néanmoins, le dossier demandant une IGP pour l’Absinthe du Val-de-Travers et pour la Fée verte du Val-de-Travers n’a pas encore été déposé auprès de l’Office fédéral de l’agriculture. La démarche devrait être faite début 2015.
L’Interprofession est convaincue qu’avec un minimum d’anticipation, les cultivateurs du Val-de-Travers sont en mesure de répondre à une augmentation de la demande. Elle précise que les plantes séchées peuvent se conserver suffisamment longtemps pour alimenter des réserves permettant de faire face à une hypothétique baisse de la production due à des intempéries.
C’est dans cette atmosphère pour le moins tendue que le nouveau président de l’Interprofession entre en fonction. Frédéric Rothen, domicilié aux Bayards, a été élu début novembre pour remplacer Laurent Favre devenu conseiller d’Etat. /msa