Justice : le témoignage d’une Neuchâteloise qui a permis de délier les langues

C’est un effet domino : une jeune femme a eu le courage de parler en 2015 pour dénoncer les ...
Justice : le témoignage d’une Neuchâteloise qui a permis de délier les langues

C’est un effet domino : une jeune femme a eu le courage de parler en 2015 pour dénoncer les abus qu’un photographe lui aurait fait subir lors d’une séance photo. Plus de 20 autres personnes ont par la suite partagé leur témoignage avec la justice.

Le justice fribourgeoise doit se repencher sur le dossier dès lundi. (Photo : Radio Friboug). Le justice fribourgeoise doit se repencher sur le dossier dès lundi. (Photo : Radio Friboug).

Le Tribunal cantonal fribourgeois se repenche dès lundi sur le cas d’un photographe accusé d’avoir abusé sexuellement d’une vingtaine de modèles. En première instance en 2021, le prévenu avait été reconnu coupable notamment de contrainte sexuelle et de viol. Il avait écopé de 11 ans de prison. En appel, sa peine avait été réduite à 30 mois dont 15 ferme : le Tribunal cantonal s’était basé uniquement sur les photos des séances et les vidéos prises à l'insu des modèles. Les juges en avaient déduit que les plaignantes étaient consentantes.

Le Ministère public a fait appel au Tribunal fédéral. Les juges de Mon Repos ont demandé au Tribunal cantonal de se pencher à nouveau sur le dossier en tenant compte des témoignages des victimes.

L'affaire avait éclaté en 2015 : une Neuchâteloise avait dénoncé le photographe pour contrainte sexuelle lors d'une séance qui s'était déroulée à fin 2011. « J’arrive en train à Fribourg » le 28 décembre, explique cette Neuchâteloise qui avait fêté ses 19 ans quelques jours avant cette séance photo. « J’étais seule et un peu stressée. » Le prévenu « m’amène dans son studio et ce n’est pas un studio photo comme j’en ai l’habitude : c’est un appartement. Ça m’interroge, mais je ne me pose pas plus de questions que cela. » Dans l’entretien à écouter ci-dessous, la jeune femme explique que le prévenu a d’abord été curieux avant d’être de plus en plus insistant. La Neuchâteloise se rappelle très bien de « son regard vif et intense […]. C’était fort, mais négativement ». Elle explique que le prévenu va ensuite la toucher, notamment en passant sa main sous son soutien-gorge. Dans sa tête, la victime présumée est tétanisée : « Je n’étais plus là. »

L’acte d’accusation montre qu’après des centaines de poses, plus d’une heure de comportement intrusif et harcelant, la jeune femme se retrouve nue et allongée par terre. Le prévenu va alors changer le mode de l’appareil photo et va filmer la scène à l’insu de la victime présumée à qui il fait subir des caresses de plus en plus intimes allant jusqu’à une pénétration digitale et un cunnilingus. À ce moment-là, « je ne suis plus là. Mon esprit, mon âme, tout a foutu le camp. Donc je suis incapable de réagir ; je suis déconnectée. »

La Neuchâteloise revient sur le déroulement des faits :

Le témoignage de cette Neuchâteloise et le travail d’enquête de la police ont permis à d’autres personnes de parler et de déposer plainte pour avoir été filmées à leur insu ou pour des infractions contre leur intégrité sexuelle.


Le courage d’en parler

À la suite de la séance photo de décembre 2011, la Neuchâteloise tente d’enfouir ces souvenirs. Plus les mois avancent, « plus ça me revenait tel un boomerang. Mon seul objectif était de sortir ce trauma que j’avais en moi. »

Elle parvient à en parler à une connaissance qui travaille à la Police neuchâteloise, connaissance qui va inciter la victime présumée à en parler aux autorités judiciaires. À partir de là et à la suite de l’enquête policière, 22 autres plaintes pénales seront déposées. /aju

La victime nous explique comment elle a trouvé la force de parler :


 

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