La droite et le patronat s’attaquent au principe du salaire minimum tel qu’il est ancré dans la loi neuchâteloise. Une motion déposée à Berne demande que les CCT étendues au niveau national aient la priorité.
L’intention fait bondir la gauche et les milieux syndicaux en cette période d’inflation et de renchérissement du coût de la vie. La droite et le patronat combattent le principe du salaire minimum tel qu’il est ancré dans la loi à Genève et Neuchâtel depuis 2018. Le Conseil national va se pencher prochainement sur une motion de l’Obwaldien Erich Ettlin. Le texte avait déjà été adopté par le Conseil des Etats en juin, contre l’avis du Conseil fédéral et de la commission de l’économie. Il demande que les conventions collectives de travail étendues au niveau national prennent le dessus sur les salaires minimaux cantonaux. Plusieurs cantons proposant un salaire minimum appliquent déjà ce principe, dont le Jura et le Tessin.
Philippe Bauer, signataire de la motion : « Une convention collective nationale est un acte quasi législatif de portée nationale. »
« Une convention collective nationale est un acte quasi législatif deportée nationale et il n’y a pas de raison pour qu’un canton puisse décider que chez lui, on l’appliquera de manière différente. », argumente le conseiller aux Etats neuchâtelois Philippe Bauer, par ailleurs ancien mandataire des opposants au salaire minimum neuchâtelois et qui a voté la motion dans la chambre des cantons. Le libéral-radical refuse de parler de détérioration des conditions de travail. « Une convention collective va régler aussi bien les salaires qu’un certain nombre d’assurances sociales, que des vacances, que la durée de travail ou les jours de congé. C’est un tout. Je ne comprends pas la gauche qui joue tout à coup la carte du fédéralisme. », explique le Neuchâtelois.
Silvia Locatelli, secrétaire syndicale régionale chez UNIA:
Unia dénonce un « acharnement perpétuel »
« Le salaire minimum a été souhaité par la population, afin d’instaurer des salaires minimaux sociaux », rappelle pour sa part Silvia Locatelli, secrétaire syndicale régionale chez UNIA Neuchâtel. Selon elle, le bilan du salaire minimum à Neuchâtel est plutôt satisfaisant. « Il n’a pas généré la catastrophe annoncée par les mêmes opposants. Ça a plutôt contribué à améliorer la vie de plusieurs centaines voire milliers d’habitants de notre canton. Ce texte est de l’acharnement perpétuel. », complète-t-elle.
Les commissions compétentes du Conseil national se penchent sur le dossier cette semaine. La motion pourrait être débattue en plénum lors de la session d’hiver des chambres fédérales. /lre