Le Service de l’emploi neuchâtelois tourne à plein régime. Alors qu’il traite en moyenne une dizaine de demandes de réduction de l’horaire de travail (RHT) par mois, il a reçu pour ce seul mois de mars environ 400 demandes, dont 350 sont arrivées en trois jours. Pour faire face à cette situation inédite, liée au coronavirus et au ralentissement de la société, le service a formé près de 20 personnes dans l’urgence. Le conseiller d’Etat en charge de l’économie, Jean-Nat Karakash, estime que 10 à 20% du tissu économique neuchâtelois passeront en RHT au mois d’avril ; une prévision jugée minimale. Ce recours massif au chômage partiel doit être couvert par les 8 milliards de francs débloqués par la Confédération.
Ce qu’il faut savoir sur les RHT
Pour bénéficier d’une mesure de réduction de l’horaire de travail, la cheffe du Service de l’emploi Valérie Gianoli liste trois conditions : « il faut un lien de causalité vraisemblable entre le coronavirus et la perte de travail. Il faut la démonstration d’une perte de travail momentanée liée à ces circonstances imprévisibles. Finalement, cette perte de travail ne doit pas être en lien avec un risque normal d’exploitation ». Une entreprise peut par ailleurs intégrer l’ensemble de son personnel dans sa demande ou seulement certains secteurs d’activité. Dès le moment où la demande est déposée, l’entreprise peut basculer en chômage partiel trois jours après, mais le fait à ses risques et périls tant que la réponse du service n’est pas tombée.
Valérie Gianoli indique que tout est mis en œuvre pour délivrer une décision dans les 5 à 10 jours ouvrables, selon la complexité du dossier. Les restaurants, cafés et petits hôtels sont invités à solliciter une mesure de RHT pour l’ensemble de l’entreprise, par exemple.
Si la décision est positive, l’entreprise doit verser les salaires à la fin du mois et se verra rembourser ensuite par l’assurance chômage. En mode RHT, l’entreprise aura à sa charge un jour de salaires par mois ; le reste étant assuré par le chômage. Il est possible de recourir 12 fois aux RHT dans le délai cadre de 2 ans. La démarche doit être renouvelée tous les trois mois.
Tous les formulaires nécessaires à une demande de RHT se trouvent sur le site du Service de l’emploi qui dispose également d’une hotline.
Une aide se profile pour les indépendants, les travailleurs intérimaires et les contrats à durée déterminée
Le conseiller d’Etat Jean-Nat Karakash fait état de deux sources d’inquiétude principale dans ce contexte particulier. L’une porte sur la capacité de rebond des entreprises lorsqu’on sortira de cette crise et l’autre, plus vivace, concerne les indépendants et les petites structures qui n’ont pas droit à des réductions d’horaire de travail et qui voient leur revenu s’effondrer du jour au lendemain. Environ 5'000 emplois sont dans cette situation dans le canton, selon Jean-Nat Karakash. La Confédération devrait débloquer 1 milliard de francs pour ces personnes. Neuchâtel prévoit de son côté de proposer des prêts sans intérêt à ce type de profils. En revanche, l’Etat ne dispose pas d’éléments légaux pour diminuer les charges des entrepreneurs mais appelle les propriétaires à faire preuve de solidarité dans la perception des loyers. L’Etat fera de son côté preuve de flexibilité dans la perception des impôts.
Pour le ministre de l’économie, le chômage partiel « permettra à une grande partie des entreprises de passer l’épaule ».
Sur le plan fédéral, le Secrétariat d’Etat à l’économie réfléchit aussi à étendre son soutien aux travailleurs intérimaires et à ceux au bénéfice de contrats à durée déterminée. Des propositions sont annoncées pour vendredi. /sbe