Et si le football se jouait avec des chiffres désormais ?

La data est devenue désormais incontournable dans l’analyse des performances, des entraînements ...
Et si le football se jouait avec des chiffres désormais ?

La data est devenue désormais incontournable dans l’analyse des performances, des entraînements ou encore des transferts du monde du ballon rond. Mais que valent réellement ces statistiques ? Décryptage.

Les duels dans le football sont désormais analysés et comparés par la data. (Photo : Bertrand Pfaff) Les duels dans le football sont désormais analysés et comparés par la data. (Photo : Bertrand Pfaff)

Ce sont des chiffres qui valent cher. La data est de plus en plus présente dans le monde du football. Si l’utilisation de ces statistiques est souvent mise en lumière au niveau du secteur des transferts, les clubs y ont recours pour plusieurs autres aspects. Les performances individuelles, les données de récupérations, la qualité des passes ou encore les taux de victoires en fonction du poste du joueur sont décryptés à l’aide de cette data. Ces chiffres sont donc devenus primordiaux pour les clubs de l’élite dans leur quête de succès et certains clubs, comme Manchester City par exemple, ont su développer une expertise propre pour les utiliser. « Les plus grosses équipes ont beaucoup de personnel pour récolter davantage de données et analyser de manière plus pointue avec des indicateurs plus spécifiques », explique le responsable de l’Observatoire du football du Centre international d’étude du sport à Neuchâtel, Raffaele Poli.

Raffaele Poli : « On se demande jusqu’où il faut pousser le bouchon et si trop d’informations ne tuent pas l’information. »

Raffaele Poli, responsable de l’Observatoire du football du Centre international d’étude du sport (CIES). Raffaele Poli, responsable de l’Observatoire du football du Centre international d’étude du sport (CIES).

Laisser la place à l’humain

En Suisse, les clubs font aussi usage des données et Neuchâtel Xamax ne fait pas exception à la règle. Toutefois le club « rouge et noir » met certaines limites à l’utilisation de cet outil, notamment au niveau des transferts. « Derrière le joueur, on dit toujours qu’il y a l’homme et vous devez être sûr qu’il y a de bonnes personnes autour de vous. Des gens qui veulent progresser et faire partie du projet du club », note Christophe Moulin, directeur du football de Xamax.

Christophe Moulin : « Sur le plan psychologique, la data ne peut pas faire encore grand-chose. »

Christophe Moulin, directeur du football à Neuchâtel Xamax. Christophe Moulin, directeur du football à Neuchâtel Xamax.

La Suisse à la traine

Plusieurs clubs ont donc recours à la data pour analyser les performances sportives, les aspects techniques ou encore les blessures d’un joueur. Les plus grands clubs du monde comme Manchester City, le Bayern Munich ou le Real Madrid se sont déjà appropriés ce nouvel outil et ont mis des moyens pour le développer. En Suisse, la mayonnaise n’a pas aussi bien pris, comme le constate Raffaele Poli. « Les clubs ont accès aux vidéos et aux statistiques de base, mais je pense qu’il y a une marge pour s’améliorer. Il faudra voir comment les propriétaires américains, notamment à Lugano, vont influencer là-dessus », s’interroge le chercheur.

Raffaele Poli : « La data, ce n’est pas à fonds perdu, on voit que les résultats suivent et les recettes augmentent. »

Un choix étonnant, mais qui s’explique

Ce choix peut étonner lorsqu’on sait que certains clubs moins prestigieux, comme Toulouse en France ou Brighton en Angleterre, connaissent le succès grâce à une ligne pro-data sur les transferts. De son côté, Christophe Moulin n’est de loin pas opposé aux statistiques. Il a d’ailleurs passablement travaillé sur le sujet durant son passage à l’OGC Nice. Aujourd’hui, Xamax travaille beaucoup avec la data, notamment à l’entrainement. Toutefois, pour les transferts, c’est une autre histoire. « Imaginons que l’on cherche un défenseur central et qu’il a en Challenge League 80% de duels gagnés, mais seulement 60% en Super League. Qu’est-ce que ça vous donne comme indications ? », questionne le stratège « rouge et noir ».

Christophe Moulin : « C’est difficile de comparer les datas d’une ligue à une autre. »

Les joueurs en raffolent

Outre les équipes, les joueurs sont aussi intéressés par la data et prennent en compte cet aspect dans leur jeu. « Les agents donnent aux joueurs tous ces chiffres pour qu’ils puissent se situer dans différents registres de jeu et au niveau physique », note Raffaele Poli. De son côté, Christophe Moulin juge bénéfique de donner les statistiques aux joueurs, mais « il faut surtout que le joueur s’intéresse à sa performance. Il doit voir les images qui sont en rapport avec la statistique. OK tu as gagné des duels, mais comment tu les as gagnés ? Tu as fait tant de passes réussies, mais combien étaient dangereuses ? C’est ça qui m’intéresse », argumente ce dernier. Que les puristes se rassurent donc : ce n’est pas pour demain que le football se jouera avec des chiffres et non plus avec des pieds. /dpi


 

Actualités suivantes

Articles les plus lus