Il y a quatre ans, le Grand Conseil neuchâtelois marquait l’histoire. Il devenait le premier parlement cantonal de Suisse à compter une majorité de femmes avec 58 députées sur 100. À deux jours des élections cantonales, l’heure est au bilan.
C’est un fait unique en Suisse. Le Grand Conseil neuchâtelois compte une majorité de femmes. Lors des dernières élections cantonales, en avril 2021, une vague violette colore le législatif et 58 femmes sont élues pour siéger au Parlement. Une première au niveau national.
Quatre ans plus tard, à deux jours d’une nouvelle journée d’élections cantonales, l’heure est au bilan. Cette majorité féminine a-t-elle fait bouger les choses, notamment en matière d’égalité ou de droits des femmes ?
Du côté de l’Office de la politique familiale et de l'égalité du canton de Neuchâtel, le co-chef du service, Thomas Perret, constate que « les questions d’égalité, de genres ou de violences domestiques ont été plus importantes durant cette législature. » Il souligne toutefois qu’il est difficile d’affirmer qu’un lien existe entre la majorité féminine et la hausse de ces questions sociétales dans les débats du Grand Conseil.
Thomas Perret : « Les questions sociétales ont pris de l’importance, c’est indéniable. »
Satisfaction pour les députées
Qu'en est-il alors au sein même du parlement cantonal neuchâtelois ? Deux députées arrivées au Grand Conseil en 2013, la PLR Mary-Claude Fallet et la socialiste Corine Bolay-Mercier, qui ne se représentent pas, nous livrent leurs impressions sur cette majorité féminine.
Pour la libérale-radicale, l’influence de cette majorité a été « positive ». Notamment en matière de politique en faveur des enfants et de la famille : « Sur ces thèmes, nous avons pu amener des arguments davantage justifiés et basés sur notre vécu. C’est une bonne avancée », analyse la députée.
Mary-Claude Fallet : « Sur certaines questions, nous avons pu amener des arguments plus justifiés. »
« Encore du travail »
De l’autre côté de l’échiquier politique, la socialiste Corine Bolay-Mercier estime également que la teinte violette du Grand Conseil lors de cette législature a eu des effets « très positifs ». Selon elle, de par leur expérience de vie, « les femmes touchent des réalités différentes et abordent la politique d’une autre manière. Dans une vision plus collective et davantage tournée vers la négociation qu’une majorité d’hommes. »
En revanche, elle souligne qu’un gros travail reste à faire, notamment du côté des commissions du Grand Conseil. Sur les 22 commissions du Parlement cantonal de cette législature, 13 étaient présidés par des hommes, malgré la supériorité numérique féminine dans l’hémicycle. Surtout, les thèmes des commissions sont encore très connotés. « On sent encore cette idée que les finances sont attribuées aux hommes, car c’est quelque chose de sérieux, et que l’éducation est dévolue aux femmes. On est dans des clichés et des stéréotypes qu’il s’agit vraiment de faire évoluer », souligne Corine Bolay-Mercier.
Corine Bolay-Mercier : « Les finances aux hommes, l’éducation aux femmes. Il reste un gros travail à faire, car on est encore dans des clichés. »
Quatre ans après avoir décroché une majorité historique au Grand Conseil, les femmes la conserveront-elles pour une nouvelle législature ? La réponse tombera dimanche lors des élections cantonales. Des élections à suivre en direct sur RTN et RTN.ch dimanche dès 12h30. /gjo-yca