Le Synode de l’Église évangélique réformée de Suisse, réuni à Neuchâtel, a refusé mardi de suivre la proposition de son Conseil. L’exécutif doit se tourner vers la Confédération pour ce projet.
L’Église évangélique réformée de Suisse (EERS) ne déboursera pas 1,6 million de francs pour mener une grande enquête sur les abus sexuels. Le Synode, réuni à Neuchâtel, a vidé de sa substance le projet du Conseil portant sur la protection de l’intégrité personnelle lors du vote final mardi. Par 32 voix contre 24 et 5 abstentions, les députés ont préféré un amendement porté par les rangs zurichois qui modifie en profondeur la proposition.
Le Conseil aurait souhaité mener une « enquête en population », comme elle s’intitulait, auprès de 20'000 personnes au sein de la société suisse. L’objectif de l’exécutif était d’obtenir des informations fiables pour cerner l’ampleur des abus. Cette étude aurait été menée par l’Université de Lucerne. Pour Pierre-Philippe Blaser, vice-président de l’EERS, l’étude aurait permis de « comprendre dans quelle proportion et dans quelle constellation aussi les églises réformées sont concernées par ces problèmes. »
Pierre-Philippe Blaser : « Cette photographie-là, aussi précise qu’on souhaitait, on ne va sans doute pas pouvoir l’avoir et nous le regrettons. »
Un mandat qui sera remis entre les mains de la Confédération
Beaucoup de députés n’ont pas été convaincus par la nécessité de sonder la population au-delà des rangs protestants. Ils ont ainsi accepté un amendement qui contraint le Conseil de l’EERS à se tourner vers la Confédération pour solliciter une telle enquête à large échelle. « Nous, petite église réformée de Suisse, engager des pourparlers avec la Confédération pour mener une telle étude, ça nous paraît assez compliqué », estime Pierre-Philippe Blaser.
« Nous allons faire tout ce que nous pourrons. »
Le reste du projet a également subi quelques modifications. Au final, l’Église réformée évangélique de Suisse est chargée de mettre sur pied un centre de contact national externe vers lequel les victimes d’abus pourront se tourner. L’EERS devra également soutenir le travail de prévention dans les Églises membres. Par ailleurs, le Conseil est appelé à instaurer un groupe de travail chargé de réfléchir au lancement d’une enquête interne sur les abus sexuels, ainsi qu’à un train de mesures en matière de protection de l’intégrité personnelle.
À l’issue du vote, la présidente du Conseil Rita Famos a malgré tout salué la teneur des débats. Elle a martelé : « Les abus n’ont pas leur place dans notre église. On va continuer le travail. » Rita Famos a également pris acte du mandat qui leur est confié de « donner l’impulsion à la Confédération. » L'avenir dira si la Confédération entrera en matière ou non. /sbm