La stratégie de l’église protestante en matière d’abus sexuels n’est pas encore sous toit. La question a largement occupé le Synode de l’Église évangélique réformée de Suisse (EERS) ce lundi après-midi au Château de Neuchâtel.
Les députés y sont réunis depuis dimanche et jusqu’à mardi encore. Ils sont appelés à se prononcer sur un paquet de trois mesures en matière de protection de l’intégrité personnelle. Le premier point concerne un renforcement des mesures de prévention avec la création notamment d’un centre national d’annonce des cas d’abus.
Le deuxième point porte sur le lancement d’une étude sur les abus sexuels qui serait menée par l’Université de Lucerne auprès de 20'000 personnes à travers la Suisse et dont le coût est évalué à 1,6 million de francs.
Format d’enquête remis en question
Certains députés remettent en cause le format d’enquête proposé. À leurs yeux, une étude d’une telle ampleur est du ressort de la Confédération et l’église protestante doit se contenter de sonder ses membres et ses bénévoles. Pierre-Philippe Blaser, vice-président de l’Église évangélique réformée de Suisse, défend le choix qui a été fait. À ses yeux cette « enquête en population générale », comme elle s’intitule, a pour objectif d’obtenir des données quantitatives, mais aussi qualitatives pour cerner les circonstances, le contexte ou encore l’intensité des abus qui auraient été commis.
Pierre-Philippe Blaser : « C’est un bon outil. »
Pour le Conseil de l’EERS, cette enquête est le meilleur moyen d’obtenir des données fiables et de répondre aux questions qui se posent en matière d’ampleur des abus notamment. Pour Pierre-Philippe Blaser, la confiance des membres de l’église et du public est aussi en jeu.
Le vote final de l’Église évangélique réformée de Suisse sur ces diverses mesures est prévu mercredi matin.
Ce qui se fait déjà à Neuchâtel
Les diverses églises membres de l’EERS n’ont toutefois pas attendu ce mois de juin pour agir. Nombre d’entre elles ont d’ores et déjà élaboré des stratégies pour tenter de lutter contre les abus sexuels. L’Église évangélique réformée du canton de Neuchâtel (EREN), mise sur une prévention générale des abus, avec une formation délivrée à tous les ministres. Les bénévoles qui oeuvrent avec la jeunesse seront aussi soumis à l’avenir à une charte et devront fournir des extraits de leur casier judiciaire. Des médiateurs externes sont par ailleurs à disposition, explique Clémentine Miéville, conseillère synodale en charge des RH à l’EREN.
Clémentine Miéville : une charte pour protéger la jeunesse.
Ces différents éléments ont d’ores et déjà abouti à des signalements, indique-t-elle. /sbm