Le Service de la protection de l’adulte et de la jeunesse du Canton de Neuchâtel est encore dans la tourmente. La Commission de gestion et d’évaluation (COGES) du Grand Conseil a présenté jeudi un rapport d’information qui sera soumis au législatif cantonal. Le texte fait état d’une situation « préoccupante », même si l’analyse n’a pas permis de mettre en évidence d’éventuelles violations du cadre légal. Précision importante, le SPAJ fait aujourd’hui partie du Département de la santé, des régions et des sports, dirigé par Frédéric Mairy. Toutefois, au moment des travaux de la sous-commission de la COGES, le service était dans le giron du Département de la formation, de la digitalisation et des sports dirigé alors par Crystel Graf.
Réorganisation manquée
Les tensions autour du SPAJ ne datent pas d’hier. En 2022, un audit externe avait été réalisé, à la demande du Conseil d’État, afin de comprendre le climat de travail pesant qui animait l’entité. À l’annonce des résultats en septembre 2023, le Canton présentait une réorganisation du service. Trois fonctions de cadres avaient alors été supprimées, des cahiers des charges avaient été remodelés et un poste de chef de service adjoint, en charge des ressources humaines et de l’accueil extra-familial, avait vu le jour.
La sous-commission de la COGES se montre critique envers cette réorganisation dans son rapport après avoir mené son enquête sur le terrain. Ses membres estiment que les représentants des employés n’ont pas été intégrés dans la refonte du SPAJ, alors qu’il s’agissait d’un point majeur de l’audit. Ils jugent également que l’organigramme actuel a notamment pour but « de renforcer la hiérarchie actuelle » et consolide une structure pyramidale, déjà critiqué lors de l’audit externe. C’était l’une des critiques principales », abondent le député socialiste Romain Dubois, rapporteur de la COGES et président de la sous-commission.
Romain Dubois : « Certaines mesures prises étaient pertinentes »
Les députés se demandent également si le Conseil d’État n’a pas voulu « couper l’herbe sous le pied » de la COGES avec cette réorganisation alors que cette dernière étudiait déjà le dossier.
Une absence de chiffre troublante
Le rapport de la sous-commission estime aussi qu’il faut renforcer la cohésion du service. Enfin, ses membres ont été alertés lors d’entretiens au SPAJ d’un manque de place en famille d’accueil et dans les institutions spécialisées. Toutefois, il a été impossible de vérifier ces chiffres, vu l’absence d’outils de pilotages solides. De quoi étonner les députés de la commission. « Lorsqu’un intervenant doit placer un enfant, il doit remplir un formulaire et si le placement est refusé, on le sait. Le problème, c’est que les intervenants ne remplissement pas le formulaire lorsqu’ils savent que le placement est refusé », détaille Romain Dubois.
Romain Dubois : « On a des statistiques qui sont partielles »
Une nouvelle réorganisation en vue ?
Pour remédier à cette situation, la sous-commission de la COGES va soumettre trois objets devant le Grand Conseil. Les textes demandent notamment un nouvel organigramme qui impliquerait la création d’entités plus petites, plus proches du terrain, moins hiérarchisées et moins morcelées sur le territoire cantonal. Le texte demande encore de meilleurs processus de suivi indépendant des ressources humaines ainsi qu'un nouvel audit indépendant. Le rapport devrait être traité lors de la session d'avril du Grand Conseil. /dpi