« Tout se complexifie ». Thierry Haussener, agriculteur à Dombresson, fait part de son exaspération face à la multitude de formulaires qu’il est appelé à remplir. Comme de nombreux autres paysans, il dénonce la lourdeur des tâches administratives qui pèsent sur ses épaules. « J’y consacre une heure par jour en moyenne », dit-il. Cette période est notamment marquée par le recensement agricole dans lequel l’agriculteur doit détailler, d’ici au 15 mars, à quelle culture il entend consacrer chaque parcelle, ainsi que le nombre de bêtes qu’il possède, avec l’historique de chacune d’elles. Sur cette plateforme, l’agriculteur est également amené à détailler toutes les mesures prises en faveur de la biodiversité, à donner des garanties en matière de protection des eaux et de l'air ou encore à indiquer qui travaille dans l’exploitation. « C’est très intrusif. On doit donner beaucoup d’informations », estime Thierry Haussener, qui pratique six cultures différentes et qui élève des bovins.
Forte pression face aux contrôles
Il dit aussi avoir énormément de pression face aux contrôles qui reviennent régulièrement. Le Vaudruzien ne les remet pas en cause. À ses yeux, il est normal de vérifier que les agriculteurs respectent leurs engagements puisqu’ils touchent des paiements directs. « On essaie de faire au mieux, mais des fois ça ne suffit pas, parce qu’il y a tellement, que le contrôleur trouvera toujours quelque chose. Il y a des contrôles où on pinaille sur des détails », déplore-t-il.
Thierry Haussener: « On ne sait plus si on fait juste ou pas »
Des essais pas toujours fructueux
Thierry Haussener a tenté de se passer d’herbicide pour l’un de ses champs de colza en y associant des plantes compagnes destinées à limiter les mauvaises herbes de manière naturelle, mais les essais dans le terrain n’ont pas été couronnés de succès. La parcelle s’est retrouvée infestée de mauvaises herbes qui sont toujours là.
Thierry Haussener: « C’est pas toujours facile à mettre en œuvre »
Selon lui, les politiques agricoles, revues tous les quatre ans, sont aussi renouvelées trop souvent. Thierry Haussener partage ainsi les revendications émises à l’échelle romande par le monde agricole, qui demande plus de stabilité sur ce plan, ainsi que des simplifications.
Des revirements politiques qui ne sont pas sans conséquence
Thierry Haussener donne l’exemple d’une mesure abandonnée à la dernière minute en décembre dernier par les chambres fédérales concernant une hausse de 3,5% des surfaces dédiées à la promotion de la biodiversité. À l’heure actuelle, ce chiffre doit s’élever à 7% au minimum, selon la législation. Le Vaudruzien précise que la moyenne se situe à 12% dans le canton de Neuchâtel et à 19% sur le plan suisse. Selon lui, bon nombre de paysans se sont attelés à intégrer cette contrainte supplémentaire dans leurs cultures pour 2024, bien avant ce revirement. « Et on ne sait pas si en 2025 elle sera là ou pas. C’est très contraignant, mais on n’a pas le choix, on doit se plier à ça », regrette-t-il.
Thierry Haussener appelle ainsi les instances dirigeantes à laisser les agriculteurs faire leur travail. « On est tous des professionnels », indique-t-il. Pour lui, il faut aussi limiter les règles, qui virent parfois à l’absurde à ses yeux. Le Vaudruzien prend l’exemple de l’obligation de sortir les bêtes 26 jours par mois à la belle saison, mais sans créer de bourbier devant l’étable. « S’il pleut trois semaines d’affilée, comme les bêtes rentrent et sortent, il n’y a pas de miracle, le bourbier, il sera là. »
Thierry Haussener: « Certaines règles sont inapplicables »
Face à l’ensemble des règlementations à respecter, le constat de Thierry Haussener est sans appel : « il y a trop ». /sbm