La situation actuelle est critique dans la branche. En cause, l’inflation et les répercussions des années Covid. Les marges ne suffisent plus et un changement de système paraît inéluctable
C’est peut-être la fin d’une ère pour la restauration. Celle des tables accessibles à toutes les bourses. Ces derniers temps, plusieurs institutions en ville de Neuchâtel ont été touchées de plein fouet par les difficultés. Les pizzerias « Au Feu de Bois » et « La Gondola » ont dû mettre la clef sous la porte, faillite pour la première et manque de repreneur pour la seconde, alors que le restaurant « La Cantine du Neubourg » a lancé cette semaine un appel aux dons pour sortir la tête de l’eau.
Si la branche dans son ensemble connaît des difficultés depuis longtemps, le Covid a accéléré la crise et l’inflation sonne comme le coup de grâce. Aujourd’hui, les marges ne suffisent souvent plus à rembourser les prêts contractés pendant la pandémie et à amortir la hausse des coûts. GastroNeuchâtel, l’association des professionnels du secteur, parle d’un tournant, avec l’émergence à venir d’une restauration à deux vitesses. L’une avec un service à la clientèle, mais avec des prix vraiment adaptés, soit plus cher qu’actuellement. L’autre avec un service moindre et des prix qui seront équivalents à ce qui se fait aujourd’hui.
David Maye, vice-président de GastroNeuchâtel
La problématique découle aussi paradoxalement d’une démocratisation de la restauration. La population se rend plus facilement dans les établissements publics, sans avoir forcément conscience des coûts réels. A titre d’exemple, l’assiette du jour qui atteint rarement les 20 francs, alors que pour être rentable, GastroNeuchâtel parle de prix allant jusqu’à 23 francs.
David Maye, vice-président de GastroNeuchâtel
Reste qu’il est très compliqué aujourd’hui pour un restaurateur de répercuter entièrement ses charges, au risque de voir sa clientèle fuir. Un cercle vicieux, qui conduit le système actuel dans une impasse. Les mentalités sont donc appelées à changer. A l’avenir, le client devra probablement revoir ses exigences à la baisse s’il veut continuer à payer peu.
Un changement de mentalité qui doit aussi se faire du côté des restaurateurs, selon Eureka Formation. Le centre de formation continue, issu d’une collaboration entre les milieux patronaux et les syndicats de l’hôtellerie-restauration, appelle les professionnels à revoir leur fonctionnement. Aujourd’hui, la survie passe par une rigueur de tous les instants. La structure accompagne ceux qui le désirent dans cette évolution. Tant avec des cours pour les professionnels en place que pour ceux voulant se lancer.
Laurence Veya, présidente d’Eureka formation
« Au Feu de Bois » renaît de ses cendres
Mise en faillite après que son gérant a été touché dans sa santé, la pizzeria « Au Feu de Bois », située à la rue du Seyon, a déjà retrouvé un repreneur. Il s’agit de la famille Bongiovanni, qui détient aussi la « Fleur-de-Lys » au centre-ville de Neuchâtel. Elle nous indique viser une réouverture au 1er décembre, avec la cuisine italienne au centre de la carte. /rgi