Les oppositions sont levées pour la réalisation de la nouvelle mouture de la sculpture de Palmier au large de Chez-le-Bart. Un nouvel épisode dans une histoire déjà vieille de dix ans. L’œuvre d’art aurait à la base dû prendre place à la prison de Gorgier
Un pas de plus vient d’être franchi vers la réalisation de l’œuvre d’art surnommée « le Palmier de Gorgier ». Le Conseil communal de la Grande Béroche a validé la semaine dernière la levée des oppositions à l’installation de l’œuvre d’art au large de la plage de Chez-le-Bart. Les cinq opposants ont été avisés par courrier recommandé. Ils bénéficient désormais d’un délai de trente jours pour faire recours.
L’histoire commence en 2012
C’est la dernière étape en date d’un feuilleton qui dure depuis dix ans. C’est en 2012 que l’artiste genevois Christian Gonzenbach est choisi pour réaliser l’œuvre qui accompagne le chantier de la prison de Bellevue, à Gorgier. Son idée est impertinente dans ce milieu carcéral : réaliser un palmier de 18 mètres de haut, en métal, symbole d’évasion. Le projet fait scandale, un sentiment exacerbé par la mauvaise humeur générée par la transformation de Bellevue en établissement de haute sécurité. Même le monde politique s’en mêle, ce qui engendre un débat autour du financement des œuvres d’art liées aux grandes réalisations publiques. Face à la levée de boucliers, l’œuvre est déplacée au large de la plage de Chez-le-Bart.
Un premier projet échoue. Le Palmier, raccourci à cinq mètres, aurait dû prendre place sur une île flottante. Face aux oppositions, et en dépit du fait que les oppositions étaient levées, l’Etat choisit en 2019 de renoncer à réaliser l’œuvre sous cette forme.
La nouvelle idée, c’est alors d’éloigner la sculpture de la rive, à une cinquantaine de mètres, et de la faire surgir de l’eau directement, sans créer un îlot. La dimension de l’œuvre est une nouvelle fois remaniée, à huit mètres.
Un troisième projet
Qui dit nouveau projet, dit nouvelle procédure. Cinq opposants se manifestent dans les délais, qui courent jusqu’à mi-septembre 2021. Ces particuliers redoutent que cette troisième version du Palmier mette en danger les baigneurs, qu’il produise du bruit en cas de vent ou qu’il dénature le paysage. D’autres craignent que la structure en acier inoxydable attire la foudre, ou remettent en question la pertinence de l’emplacement choisi.
Le dossier est examiné sous tous les angles par une dizaine de services, d’organismes et d’institutions de l’Etat de Neuchâtel. Au terme de cette procédure, le Service de l’aménagement du territoire émet une dérogation qui autorise cette construction, une étape indispensable puisque la surface du lac est hors zone à bâtir. Il émet des recommandations pour que l’œuvre finale tienne compte des réserves émises. Sur la foi de cet avis, le Conseil communal de la Grande Béroche lève les oppositions.
En cas de recours de la part d’un ou plusieurs opposants, le Conseil d’Etat neuchâtelois est l’autorité compétente pour se prononcer. Les recourants pourraient alors être entendus, et une nouvelle procédure s’ouvrirait, engendrant des délais supplémentaires.
En l’absence d’une telle démarche, le permis de construire sera délivré. Le maître d’ouvrage, l'Etat, disposera alors de deux ans pour réaliser le Palmier, avec une extension possible de deux ans supplémentaires. /jhi