Les efforts neuchâtelois en matière de politique d’accueil extrafamilial portent leurs fruits. Une étude de l’Université de Neuchâtel, mandatée par le Canton et la Ville de Neuchâtel, confirme la relation entre la création de places et l'activité professionnelle des mères
La création de places d'accueil extrafamilial a des effets bénéfiques dans le développement des activités professionnelles des mères, dans leur carrière et dans le revenu des ménages, selon une étude de l'Université de Neuchâtel. Les revenus fiscaux des collectivités publiques s'en trouvent aussi améliorés.
Entre 2003 et 2020, le Canton de Neuchâtel a créé quelque 2300 places d’accueil extrafamilial (pré- et parascolaire) bénéficiant de subsides fédéraux. Parmi elles, on compte 800 nouvelles places d’accueil préscolaire ouvertes entre 2010 et 2019. Le Canton et la Ville de Neuchâtel ont mandaté l'Université du chef-lieu pour évaluer l'impact de ce développement, ont-ils indiqué lundi.
L'étude s'est portée sur l’activité professionnelle et le revenu des mères de jeunes enfants. « Les résultats démontrent que le double objectif de la politique cantonale – faciliter l’accès des mères à la vie professionnelle et stimuler la croissance de l’économie neuchâteloise – est atteint », peut-on lire dans le communiqué.
Florence Nater, conseillère d'Etat en charge de l’emploi et de la cohésion sociale
Lien direct entre places d’accueil et activité professionnelle
La recherche universitaire a confirmé l’existence d’une relation entre le taux de couverture préscolaire et le taux d’occupation professionnelle des mères dans le canton de Neuchâtel. Une augmentation de 1 point de la couverture des besoins est accompagnée d’une hausse de 0,8 point du taux d’occupation des mères.
Ainsi, la création de 800 places d’accueil supplémentaires en préscolaire a permis aux mères neuchâteloises d’augmenter leur taux d’activité professionnelle pour l’équivalent de 625 postes à plein temps. Plus concrètement, les places créées en préscolaire permettent à 2000 femmes d’augmenter leur taux d’emploi de 30% à 60%, ou à 1500 femmes de l’augmenter de 40% à 80%.
Durant la même période, la proportion de ménages dans lesquels l’homme est employé à temps plein et la femme à moins de 50% a reculé de 15%.
Recul des interruptions de carrière
L'étude a aussi montré que le développement des structures d’accueil extrafamilial a également rendu possible la réduction des interruptions de carrière pour raisons familiales. Celles-ci sont ainsi passées en moyenne, pour les mères en couple de formation secondaire, de 10,4 ans à 8,8 ans (-15%) et pour les mères en couple de formation tertiaire de 6,7 à 5,1 ans (-18%).
La réduction de ces sorties temporaires du marché du travail a des conséquences positives sur les revenus immédiats des ménages, mais également sur les revenus à moyen et long terme. Au total, le cumul d’un retour plus rapide à l’emploi et d’une pénalité salariale réduite représente une augmentation du revenu de carrière de 188'300 francs pour une femme de formation tertiaire employée à plein temps. Cela permet aussi d'améliorer les avoirs du deuxième pilier.
Florence Nater, conseillère d'Etat en charge de l’emploi et de la cohésion sociale
Des bénéfices également fiscaux
Au niveau fiscal, les chercheurs ont comparé sur l'année 2018 les recettes de l’impôt sur le revenu en l’absence d’accueil extrafamilial aux recettes effectives avec le dispositif en place. Les recettes de l’impôt directement attribuables à l’existence de l’accueil préscolaire et parascolaire sont de l’ordre de 17,5 millions de francs pour le canton, de 10,5 millions pour les communes, dont 2,4 millions pour la Ville de Neuchâtel.
L’étude conclut par conséquent qu’une partie des dépenses consenties par les collectivités publiques pour mettre des crèches et des structures d’accueil parascolaire à disposition et pour réduire le coût à la charge des familles est ainsi récupérée. A noter que dans le canton de Neuchâtel, le coût de garde - à charge des parents - est intégralement déductible du revenu imposable. /ATS-rgi