Les précipitations du début de l’été ont fait chuter la production de 25% et ont décuplé le labeur des vignerons, attirant les champignons et rinçant les cultures de leurs substances protectrices. La qualité devrait tout de même être au rendez-vous, selon les professionnels.
On s’était presque habitués à ce que les vendanges débutent au mois de septembre et soient très prolifiques en quantité. Mais cette année, les nombreux jours de pluie ont eu deux effets : D'abord, retarder les vendanges jusqu’à début octobre puisque le soleil permet au raisin d’atteindre le bon taux de sucre. Et ensuite, favoriser la prolifération de champignons, en particulier du mildiou cette année, et ainsi donner du travail à ne plus savoir qu’en faire aux vignerons.
Retour à la normalité
Il s’agit en fait d’un retour à la normale après deux années exceptionnellement ensoleillées. Le nombre de jours de soleil est comparable à la moyenne de ces 20 dernières années.
Il est donc normal d’avoir « retrouvé de vieux ennemis » comme le mildiou, généralement très présent dans la région. L’effet de ce champignon néfaste se perçoit surtout sur la quantité de raisin qui arrivera à maturation, tandis que l’oïdium, très présent en 2019 et 2020, s’attaquait plutôt à la qualité des grappes. Selon les estimations de la station viticole d'Auvernier, la quantité totale de la production chuterait de près de 25% à cause de cette maladie.
Le vigneron saint-blaisois Dimitri Engel résume la situation
Selon Johannes Rösti, directeur de la structure cantonale d’observation de la vigne, les vendanges 2021 devraient donc apporter « des vins plus classiques que ceux des deux années précédentes, qui eux étaient particulièrement riches. »
Des vignerons sur les rotules
Mais si le dérèglement climatique ne s’est pas manifesté par un réchauffement particulier cet été, les épisodes climatiques extrêmes n’ont pas manqué à l’appel. L’épisode de forte grêle qui a touché inéquitablement différentes régions du canton et surtout les pluies torrentielles du début de l’été ont mis les vignerons neuchâtelois « sur les rotules » pour Johannes Rösti.
Ceux-ci ont dû se montrer réactifs, car les fenêtres ensoleillées pour agir sur leurs cultures ont manqué. Il a fallu traiter les plantes souvent, d’autant plus pour les viticulteurs travaillant avec les produits biologiques, plus facilement lavés des fruits par la pluie.
Ce rythme soutenu a été particulièrement difficile à tenir pour les petites structures, notamment pour les vignerons amateurs dont certains ont renoncé à leur petite production.
Du côté des entreprises viticoles plus professionnelles, la fréquence élevée des traitements, parfois effectués le week-end ou le soir, ont suscité certaines critiques de la part des habitants aux alentours de domaines viticoles. « Le bon voisinage en a pris un coup, mais c’est le côté rural qui veut cela », justifie Johannes Rösti.
Précisions avec Dimitri Engel, au caveau Le vin autrement
Dans les prochains jours, les grappes d’un certain nombre de vignobles devraient arborer une couleur blanche, mais pas de panique. Le froid tardif et pluvieux a accéléré le dépérissement du raisin, attirant une ribambelle d’insectes avant même le début des vendanges. Il s’agit seulement d’une poudre minérale qui fait effet de répulsif contre les insectes comme la mouche Suzukii, et non d’un produit chimique néfaste pour l’homme.
Dans l’ensemble, pour Johannes Rösti, les vignerons ont le sentiment du devoir accompli après une année difficile et attendent avec impatience le début des vendanges. /lmi