« Une insulte au monde scientifique »

Un pesticide interdit pourrait faire son retour en Suisse pour sauver les betteraves sucrières ...
« Une insulte au monde scientifique »

Un pesticide interdit pourrait faire son retour en Suisse pour sauver les betteraves sucrières. Berne discute de la question, mais elle fâche les opposants. Pour eux la recherche scientifique a prouvé la nocivité de cette molécule sur l'environnement

Le possible retour du néonicotinoïde pour sauver la culture de la betterave ne plaît pas à tout le monde. Le possible retour du néonicotinoïde pour sauver la culture de la betterave ne plaît pas à tout le monde.

Faut-il de nouveau autoriser le néonicotinoïde dans les cultures de betteraves ? C’est du moins ce qui est en discussion à Berne. D’un côté la Fédération suisse des betteraviers (FSB) a demandé la réhabilitation de ce pesticide interdit pour sauver ce légume victime de la jaunisse virale. De l’autre, les opposants veulent empêcher de ré-homologuer cette molécule nocive pour l’environnement et interdite depuis 2019.

Pour Alexandre Aebi, apiculteur et enseignant-chercheur en biologie à l’Université de Neuchâtel, ce retour en arrière représenterait un véritable naufrage : « Ce serait une catastrophe pour l’environnement, pour les abeilles, les souris et l’humain à cause des perturbateurs endocriniens ». Il ajoute : « Près de 1'200 articles scientifiques ont démontré la nocivité de ce pesticide pour l’environnement. Ignorer 1'200 articles qui ont coûté beaucoup d’argent public, ce serait une sacrée insulte au monde scientifique».

Les opposants à cette ré-homologation exigent également de la transparence de la part de l’Office fédéral de l’agriculture. Ils veulent savoir sur quelles études se base l’OFAG pour envisager le retour d’une molécule aussi agressive sur l’environnement.


Solutions alternatives de longue haleine

Alors que les agriculteurs sont en ce moment dans l’impasse, des alternatives existent. Mais elles restent difficilement faisables à court terme comme l’explique Pascal Olivier, responsable de la section romande chez Bio Suisse.

Selon lui, l’agriculteur pourrait changer pour un type de betteraves plus résistantes ou encore introduire des morceaux de terres fleuris pour attirer les insectes prédateurs contre le puceron responsable de la transmission de la jaunisse. Toutefois, pour le responsable romand de Bio Suisse, « Il s’agit d’un travail de longue haleine ».

Aussi, la recherche semble encore balbutiante sur un pesticide alternatif qui aurait un impact moins nocif sur l’environnement.

Ainsi, des solutions existent mais elles ne sont pas immédiates, encore en phase de test ou tout simplement théoriques. Mais selon Pascal Olivier, se focaliser sur la réhabilitation ou non de ce pesticide interdit n’est pas le cœur du problème. Selon lui, il s’agit surtout d’une opportunité politique pour mettre sur le devant de la scène la question du prix du sucre. Il doit être, selon le responsable romand de Bio Suisse, rémunérateur. Ainsi, le prix du sucre devrait prendre en compte les variations naturelles et les rendements des agriculteurs. /dsa-rgi-vma



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