Vincent Cavin est l’analyste vidéo du staff de la Nati. Un rôle de plus en plus important dans le football moderne. Son travail : déceler les failles de l’adversaire mais aussi celles de sa propre équipe.
Des matches, Vincent Cavin en regarde parfois une quinzaine par semaine. Et pour préparer un match contre l’Albanie, la Roumanie ou la France, c’est plus d’une vingtaine d’heures de vidéos de l’adversaire qui sont compilées. Un travail de repérage, d’analyse séquence par séquence, pour finalement aboutir à un montage d’une dizaine de minutes qui sera montré aux joueurs. « C’est un rôle qui commence à grandir. Un peu toutes les équipes et tous les clubs en ont. Concrètement, c’est observer les adversaires, préparer les montages, observer sa propre équipe et analyser sa prestation, travailler sur des aspects spécifiques. On travaille également individuellement avec les joueurs. La vidéo prend toujours plus d’importance. », explique Vincent Cavin. Tous les professionnels du football et du sport en général aiment à dire qu’une compétition se gagne souvent sur des détails, preuve qu’il ne faut rien négliger. Mais par modestie sans doute, l’analyste vidéo de la Nati ne va pas jusqu’à dire que l’on gagne grâce à la vidéo : « On gagne des matchs avec de bons joueurs et une super mentalité. Mais quand on est à ce niveau-là, l’observation permet de s’améliorer et d’obtenir des résultats supplémentaires. Oui, je dois trouver la faille chez l’adversaire, ce qui lui fait mal, et aussi ce que l’on peut améliorer chez nous. »
Analyste vidéo, une fonction en plein essor
Un travail à la carte pour les joueurs
Suivant les clubs dans lesquels ils évoluent, les joueurs de la Nati sont déjà plus ou moins habitués à ce mode de fonctionnement et certains en sont plus friands que d’autres. Chaque joueur dispose d’une application sur un support numérique et chacun peut donc selon son envie visionner ses séquences individuelles préparées par Vincent, découvrir par exemple un montage sur l’adversaire qui évoluera dans sa partie de terrain durant le prochain match. « Certains étaient sceptiques quand on a commencé avec la vidéo au Brésil en 2014, et aujourd’hui ils en veulent toujours plus. Gelson, Djourou, Rodriguez, il y en a plusieurs qui demandent parfois à voir des actions supplémentaires. », relate Vincent Cavin. Le joueur n’est pas seulement confronté aux images de l’adversaire mais aussi à ses propres actions et donc ses propres erreurs. Les pointer du doigt est un travail qui s’avère toujours délicat : « Ottmar Hitzfeld ne montrait quasiment jamais le négatif à l’équipe. L’expérience m’a montré que de montrer une séquence négative, où un joueur fait une erreur, devant toute l’équipe, ça n’apporte pas grand-chose. Les aspects négatifs se voient en individuel avec l’entraîneur. »
Vincent Cavin ne pointe pas les erreurs individuelles devant le collectif
La Suisse à l’origine du « tactical filming »
Pour travailler efficacement, l’analyste vidéo doit également disposer d’un film de bonne qualité où l’on voit surtout la globalité du terrain contrairement aux images TV habituelles. « Quand on attaque, c’est aussi intéressant de voir comment réagissent nos défenseurs et vice-versa. Avant on utilisait les images TV et on ne voyait pas tout. Maintenant, on filme la globalité du terrain. Pour la première fois cette année, l’UEFA nous fournira le « tactical filming » avec le terrain en entier sur une demande de la fédération suisse. C’est une chose très importante. », rapporte Vincent Cavin. L’Association Suisse de Football est donc directement à l’origine de cette évolution dont vont pouvoir jouir tous les autres analystes vidéos des différentes nations de l’Euro 2016. /jpi