Acquittement plaidé dans le procès Swatch

« Les preuves sont insuffisantes » pour condamner les trois prévenus dans le procès pour corruption ...
Acquittement plaidé dans le procès Swatch

« Les preuves sont insuffisantes » pour condamner les trois prévenus dans le procès pour corruption qui les oppose au Swatch Group. Les avocats de la défense ont plaidé l’acquittement mercredi devant la Cour pénale de Neuchâtel.

L'affaire Swatch occupe la Cour pénale neuchâteloise cette semaine (photo : archives). L'affaire Swatch occupe la Cour pénale neuchâteloise cette semaine (photo : archives).

La parole à la défense au 3e jour du procès Swatch. Depuis lundi la Cour pénale de Neuchâtel se penche sur l’affaire qui oppose le groupe horloger suisse à deux de ses anciens employés ainsi qu’à un homme d’affaires français établi à Hong Kong au moment des faits. Le Ministère public et la partie plaignante ont fait appel du premier jugement qui avait prononcé l’acquittement des prévenus. Ces derniers sont accusés de gestion déloyale, de corruption et de blanchiment d’argent pour des faits commis entre 2006 et 2015. Un ancien cadre de Tissot, un de ses collègues aujourd’hui décédé, ainsi qu’un responsable au sein de Calvin Klein Watch auraient perçu durant de nombreuses années des pots-de-vin de l’homme d’affaires. Des dessous de table qui dépassent les 15 millions de francs et ceci en échange de commandes. Ce mercredi, les juges ont entendu les avocats des trois prévenus présents.


« Absence d’éléments »

La défense s’est attelée à démontrer que la partie plaignante, Swatch Group, n’a pas apporté les éléments pour prouver la culpabilité des trois hommes assis sur le banc des accusés. L’un des avocats s’est dit interpelé, « par l’acte d’accusation et les éléments qu’il ne contient pas. Pas de témoin, pas d’audition de responsables des sociétés prétendues lésées, pas de preuve de commandes, de livraisons, de factures. Impossible dans ces conditions de chiffrer les dommages », même si les sommes versées n’ont pas été contestées. L’homme de loi s’est étonné « de cet acte d’accusation qui se base sur trois petits mails pour comprendre un dossier d’une complexité folle ». Des documents « qui auraient pu être apportés au dossier, mais qui n’auraient pas été à l’avantage de la partie plaignante », a-t-il encore ajouté.

Pour les avocats des deux ex-employés, leurs clients ne pouvaient pas se voir attribuer la qualité de gérant « car ils n’avaient pas les pouvoirs de prendre des décisions seuls, qu’ils étaient subordonnés et surveillés ». À leurs yeux, la gestion déloyale aggravée, dont ils sont inculpés, doit donc être écartée. Quant à l’accusation de corruption, « il y a prescription », ont-ils répété. Les avocats des deux ex-employés demandent à la Cour pénale de suivre le verdict du Tribunal de première instance et de prononcer l’acquittement.


L’acquittement aussi demandé pour l’homme d’affaires

L’avocat de l’homme d’affaires a aussi évoqué « un dossier vide, un manque d’éléments probants » et souligne « la mauvaise collaboration du Swatch Group qui parle de prétendus secrets d’affaires. Mais ce n’est pas la recette Coca non plus », a-t-il ironisé. Pour lui, « il y a une volonté de la partie plaignante de cacher des documents dans cette procédure ». 

Pour rappel, le prévenu a expliqué avoir versé de l'argent aux autres coaccusés pour l'aider à « se faire connaître » et à « ouvrir la porte » afin de s'introduire dans les marques du groupe horloger biennois. Il voulait partager son bénéfice en signe de reconnaissance. « Il paie le prix de sa générosité », a martelé son avocat. Son confrère qui défend les intérêts du Swatch Group n’a lui pas manqué de répéter que l’ancien cadre de Tissot a reçu de son ami, l’homme d’affaires, 100'000 francs par mois pendant 10 ans.

La Cour pénale rendra son jugement vendredi à 11h. /jpp


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