Tivoli Nord : la Ville de Neuchâtel est censée payer 700'000 francs pour des locaux inexploités

Le Pôle muséal de conservation à Serrières a pris du retard à la suite d’une opposition. La ...
Tivoli Nord : la Ville de Neuchâtel est censée payer 700'000 francs pour des locaux inexploités

Le Pôle muséal de conservation à Serrières a pris du retard à la suite d’une opposition. La Ville de Neuchâtel a néanmoins dû provisionner près de 450'000 francs pour les loyers dans ses comptes 2023. À cela s’ajoutent ceux de 2024, alors que les locaux sont toujours inoccupés.

La Ville de Neuchâtel pourrait être amenée à
payer près de 700'000 francs pour les loyers passés du Pôle muséal de conservation à
Serrières. Ceci, alors que le déménagement des collections des musées est repoussé
depuis une année. (Photo : Gaspard Gigon). La Ville de Neuchâtel pourrait être amenée à payer près de 700'000 francs pour les loyers passés du Pôle muséal de conservation à Serrières. Ceci, alors que le déménagement des collections des musées est repoussé depuis une année. (Photo : Gaspard Gigon).

La Ville de Neuchâtel devra-t-elle payer plusieurs centaines de milliers de francs pour des locaux qu’elle n'a pas pu exploiter ? En se plongeant dans les comptes 2023 de la Commune, on semble en tout cas en prendre la direction. Environ 450'000 francs sont notifiés comme dépense pour les loyers du Pôle muséal de conservation à Serrières. Problème : ce projet situé dans le complexe privé Tivoli Nord, construit par le promoteur biennois Quadro Bau, a connu un long retard à la suite d’une opposition. Si les musées devraient enfin pouvoir investir les lieux cet été, la question de l’impact financier de ce retard se pose. En ajoutant les loyers du premier semestre 2024 aux 450'000 francs de 2023, on arrive à près de 700'000 francs. Contacté, le Conseil communal a répondu à nos questions par l’intermédiaire de son porte-parole. « Ce retard a engendré des coûts annexes que nous ne pouvons pas détailler en raison d’une procédure en cours. […] une partie des loyers a notamment été consignée en attendant l’issue juridique », explique Emmanuel Gehrig.

L’argent n’est donc pas encore dépensé et une bataille juridique semble être lancée pour éviter la facture. Une douloureuse à laquelle pourraient s’ajouter d’autres montants. Les baux des lieux de stockage actuels des collections ont, en effet, dû être prolongés. Ceci pour éviter que les près de deux millions d’objets, spécimens et œuvres en tout genre des Musées de la Ville ne se retrouvent à la rue. On peut aussi citer un container frigorifique, loué par le Muséum d’histoire naturelle depuis janvier pour décontaminer les spécimens avant leur déménagement. Avec les retards, puis maintenant l’été qui arrive, son utilisation ne pourra se faire avant le mois de septembre. Différents coûts qui s’accumulent donc et qu’il faudra bien payer. « Pour ce qui est de la prolongation des baux actuels d’entreposage des collections, celle-ci se fait sans trop de dommage financier, les baux étant prolongés de mois en mois », précise sur ce point Emmanuel Gehrig.


La lumière au bout du tunnel ?

Bonne nouvelle cependant, prévu d’abord l’année passée, puis plusieurs fois annoncé, le déménagement des collections des musées de la Ville devrait enfin pouvoir démarrer dans le courant du mois de juin. C’est en tout cas ce que nous a annoncé Ludovic Maggioni, directeur du Muséum d’histoire naturelle et responsable du déménagement des collections des différentes institutions.

Reste que si cette mise en service du Pôle muséal peut finalement se faire, ce n’est pas grâce au classement de l’opposition, qui reste pendante, mais grâce à une dérogation de la Ville de Neuchâtel. En effet, l’année passée, des moisissures étaient apparues dans les nouveaux locaux, l’installation de la ventilation du bâtiment étant concernée par la procédure d’opposition. La Ville, à qui revient également le rôle de traiter les oppositions, avait alors permis à Quadro Bau de passer outre le blocage. Une dérogation qui permet finalement aujourd’hui au complexe Tivoli Nord d’être utilisable. « Les installations techniques ont été mises en service pour une raison impérative. La décision d’autoriser la construction des structures sur le toit est motivée par l’intérêt public à la salubrité du bâtiment », pointe Emmanuel Gehrig.

Quant à savoir s’il n’y a pas un risque d'autoriser le déménagement des collections alors que l'opposition est toujours pendante, la Ville reste muette sur cette question. Le scénario catastrophe serait en effet que l’opposition soit reconnue valable et que le promoteur immobilier se voie dans l’obligation de revoir sa demande de permis de construire et donc les installations techniques. Une situation qui verrait la lumière au bout du tunnel se transformer en phares d’un camion à contresens. /rgi


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