Le Grand Conseil neuchâtelois a accepté mercredi une motion des groupes socialiste et VertPOP, grâce au vote des députés Vert'libéral et du Centre. « La lutte pour l'égalité demande d'ancrer des valeurs dans un cadre législatif. Une publicité peut valoriser des comportements et propager des stéréotypes et valeurs dégradantes », a déclaré la Verte Sera Pantillon.
La motion a obtenu le soutien du Conseil d'Etat. « Nous sommes influencés et façonnés par les publicités, qui véhiculent des normes et des valeurs que nous intériorisons. L'interdiction de publicités sexistes sur l'affichage public est une mesure parmi d'autres sur le chemin de l'égalité », a expliqué Florence Nater.
Actuellement, il n'y a pas de base légale au niveau fédéral, mais la marge de manœuvre existe pour agir au niveau cantonal, a ajouté la conseillère d'Etat. Des discussions devront aussi avoir lieu avec les communes, les panneaux d'affichage étant très souvent sur leur territoire.
La motion demande d'interdire sur le territoire cantonal les procédés de publicité sexistes sur le domaine public et sur le domaine privé, visible du domaine public. Le texte aimerait aussi que le Conseil d'Etat évalue la pertinence et la faisabilité d'étendre l'application de ce standard à d'autres types de supports publicitaires.
« Ce dernier point sera plus difficile à atteindre » car les publicités à la télévision ou sur les réseaux sociaux ne sont pas exclusivement diffusées sur le territoire cantonal, a précisé Florence Nater.
Droite opposée
Les Vert'libéraux ont aussi émis une réserve sur ce point, mais ont soutenu la motion. « On fait confiance au monde publicitaire pour trouver des moyens de communication percutants, sans utiliser de stéréotypes », a expliqué Caroline Plachta.
Le PLR était opposé au texte, car il estime qu'il faut des solutions réalistes et que cette nouvelle législation ne fera pas avancer la cause. « Sur quelle décision va-t-on décider d'interdire une publicité et va-t-on vers une censure et l'interdiction de la publicité pour la viande rouge par exemple ? », a déclaré Patricia Borloz.
Pour l'UDC, cette motion ouvre la porte à toutes sortes de plaintes, a expliqué Estelle Matthey-Junod. Selon elle, une publicité peut offenser une personne mais n'aura pas le même effet sur une autre.
Exemple vaudois
Neuchâtel veut s'inspirer du canton de Vaud, qui a récemment interdit l'usage de procédés publicitaires sexistes sur le domaine public. Sont notamment visés les contenus dégradants, l'utilisation de stéréotypes sexuels mettant en cause l'égalité entre les sexes et l'absence de lien naturel entre la manière dont une personne est représentée et le produit vanté.
Pour les cas ambigus, le canton a mis en place une commission consultative qui émet un avis à destination des municipalités, ces dernières constituant l'autorité de décision. /ATS-tbu