La solution provisoire proposée par l’Etat de Neuchâtel aux gens du voyage suisses semble satisfaire tout le monde. Les Yéniches sont installés pour une durée maximale de trois semaines sur une parcelle à l’ouest de Perreux
Des nomades suisses dans le canton de Neuchâtel. Une quinzaine de familles yéniches sont installées à Perreux depuis vendredi. L’emplacement leur convient très bien et elles sont ravies que l’Etat ait trouvé cette solution provisoire.
Une aire d’accueil définitive aurait dû ouvrir ce printemps à Vaumarcus, mais le projet est retardé en raison de plusieurs oppositions. Le WWF et Pro Natura s’inquiètent notamment de la présence de vipères aspic à proximité du terrain. Le canton va proposer de nouveaux aménagements aux opposants pour tenter de débloquer la situation.
Aucune place en Suisse romande
De leur côté, les Yéniches souhaitaient séjourner quelques semaines en terres neuchâteloises, c’est pourquoi ils ont demandé à l’Etat de leur trouver une parcelle où ils ont l’autorisation de rester. « Je remercie le canton de nous avoir proposé cette solution provisoire pour nous dépanner», déclare Albert Barras, porte-parole des Yéniches pour toute la Suisse latine. « Sinon on aurait dû se mettre sur un parc sans autorisation et ça aurait de nouveau fait toute une histoire ».
Les Yéniches sont reconnus en tant que minorité nationale, tout comme les Sintis et les Manouches. Cela signifie notamment que pour préserver le mode de vie nomade d’une partie d’entre eux, les cantons doivent créer des places d’accueil. De nombreuses aires ont vu le jour en Suisse allemande mais pour l’instant aucun emplacement définitif n’a été ouvert en Suisse romande. « On est des citoyens suisses, on a le droit de voyager, mais on n’a pas le droit de s’arrêter », regrette Albert Barras, « on n’a pas besoin de beaucoup : un champ, une arrivée d’eau, une arrivée d’électricité. Il ne faut pas faire de grandes architectures, débloquer de gros budgets pour nous accueillir ».
« On a toujours été là »
Albert Barras est brocanteur. Il voyage dans toute la Suisse pour acheter et vendre des mobiliers anciens, tableaux, sculptures… D’autres Yéniches qui séjournent actuellement à Perreux sont affuteurs, récupèrent les vieux métaux ou rénovent des maisons. Ils se déplacent beaucoup pour visiter leurs clients et travailler.
« Le peuple yéniche a toujours vécu en Suisse, ma famille est arrivée en 1745 », raconte Albert Barras. « Avant vous nous connaissiez plus communément sous le nom des Vanniers. Mais comme Pro Juventute voulait enlever nos enfants on se cachait, on se fondait dans la masse, on évitait de faire parler de nous. C’est pourquoi beaucoup de gens ne savaient pas qu’on était yéniches. Mais on a toujours été là. » /mvr