« Un projet exemplaire ». L’assainissement et la réaffectation du Collège latin ont suscité l’enthousiasme au sein de la majorité du Conseil général de Neuchâtel lundi soir. Les diverses demandes de crédit, qui avoisinent 40 millions de francs, ont passé le cap du législatif à la quasi-unanimité. Seul le groupe PLR a tenté de réduire la facture en retranchant l’artothèque du projet, sans succès. Dans ce lieu, le public aura l’opportunité d’emprunter des œuvres d’art. L’élu libéral-radical Jari Correvon y voit un « laboratoire luxueux », auquel son groupe aurait souhaité renoncer. Pour la conseillère communale en charge du dossier, Julie Courcier Delafontaine, il s’agit d’un moyen de démocratiser l’accès à l’art.
Le groupe PLR a encore essayé de retrancher le montant dédié au pourcent culturel, arguant que cet investissement « gigantesque » était tout entier dédié à la culture, mais là aussi sans succès.
Jari Correvon : « On s’est posé la question de la pertinence d’élargir encore plus le spectre de la politique culturelle de la Ville ».
Le projet prévoit la réunion, sous un même toit, de la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel (BPUN), de Bibliomonde et de la bibliothèque Pestalozzi. La Lanterne magique occupera également un espace dédié à l’éducation à l’image. Par ailleurs, un café verra le jour. Le bâtiment sera également assaini pour améliorer sa consommation énergétique. Quant à la place Agota Kristof, qui donne sur le lac, elle sera réaménagée. À ce sujet, le groupe PLR s’est également inquiété de l’avenir de l’établissement de La Plage qui occupe actuellement cet emplacement.
La gauche a quant à elle marqué son plein soutien à ce projet de pôle culturel. Kim Biloni, du groupe socialiste, a évoqué une bibliothèque « qui s’ouvre sur le monde, qui se dépoussière » et qui offre une « place pour l’échange et le partage ». Les socialistes ont aussi salué la dimension interculturelle et intergénérationnelle du projet avec la présence de Bibliomonde, qui propose des ouvrages en de nombreuses langues, et de la bibliothèque Pestalozzi dédiée aux jeunes.
Kim Biloni : « On croise toutes les populations dans un même endroit pour profiter de la culture et du vivre ensemble ».
Le groupe VertsPopSol, par la voix de François Chédel, a lui parlé de cette bibliothèque comme « d’un maillon essentiel contre le fascisme », évoquant un projet « extraordinaire, qui concilie sauvegarde du patrimoine. » Le Collège latin a en effet la note la plus élevée en termes de valeur patrimoniale.
Le groupe vert'libéral s’est quant à lui montré un peu plus sceptique face à cet investissement. Pour Olga Rak, il aurait fallu aller plus loin dans l’amélioration énergétique du bâtiment, qui est actuellement l’un des plus énergivores de la Ville, au détriment du patrimoine. L’élue vert’libérale a également dénoncé un montant plus élevé que celui qui figurait dans les prémisses du projet.
Le vote n’a toutefois pas laissé de doute quant à la volonté du Conseil général de voir cette réaffectation aller de l’avant, pour le plus grand bonheur des acteurs concernés, présents en nombre dans le public. Si tout se passe comme prévu, le chantier démarrera à la fin de l’année pour s’achever début 2028.
Apollinaire s’est aussi invité dans les débats, Julie Courcier Delafontaine ayant cité les mots du fameux poète français : « La bibliothèque de Neuchâtel, en Suisse, est la mieux située que je connaisse. Toutes ses fenêtres donnent sur le lac. Séjour enchanteur ! ». Espérons que le nouveau projet saura également enchanter la population neuchâteloise. /sbm