Ça va devenir compliqué de rallier Pontarlier depuis Les Verrières et vice-versa en bus. Le projet d’horaire 2025 prévoit de drastiquement diminuer le nombre de rotations sur la ligne 590. Le financement est à l’origine du problème.
L’avenir s’annonce morose pour les usagers transfrontaliers des bus de la ligne 590 qui relie le Val-de-Travers à Pontarlier. Selon le projet d’horaire 2025 des transports publics, en consultation jusqu’au 9 juin, le nombre d’aller-retour entre Les Verrières et la cité française passeront de 8 à 2,5 en semaine (un aller tôt le matin depuis Pontarlier et deux rotations en fin d’après-midi) et de 6 à 0 pendant les week-ends.
Au-delà de ce tronçon franco-suisse, c’est l’ensemble de la ligne qui circule jusqu’à Fleurier et Couvet qui est touché. Sur les 28 paires de courses il ne devrait en rester plus que 18 dès le 15 décembre.
Le nerf de la guerre
Le problème est financier. Pour obtenir des subventions de la Confédération, les véhicules doivent transporter un certain nombre de passagers. Les écoliers, pendulaires et voyageurs inter-villages, qui composent l’essentiel des usagers de la ligne 590 ne sont pas suffisamment nombreux à l’heure actuelle. En réduisant le nombre de courses, le Canton espère atteindre le quota requis pour prétendre aux aides fédérales, ce d’autant plus que la France ne participe pas au financement.
Laurent Favre : « La ligne complète coûte quelque 2,5 millions de francs. »
Le souci du canton reste prioritairement d’assurer une bonne desserte pour les passagers neuchâtelois, explique le conseiller d’État Laurent Favre.
« Une opération de sauvetage d’une bonne desserte sur territoire neuchâtelois. »
De part et d’autre de la frontière, la situation interpelle. Du côté de Pontarlier, le Maire Patrick Genre, qui n’était pas informé de la situation, s’exclame : « Ce n’est pas une bonne nouvelle, pas une bonne chose pour les frontaliers, pour la circulation routière. Ça va remettre des dizaines de voitures sur la route. » Il s’inquiète pour la pérennité de la ligne.
Il reconnait que sa ville et la région Bourgogne Franche-Comté n’ont rien à dire, puisqu’elles ne participent pas au financement de cette liaison. Le Canton, assure Laurent Favre, a informé ses voisins français, mais n’a obtenu aucune réaction.
Laurent Favre : « On les sait très peu volontaires, et c’est un euphémisme, à payer une part de la desserte sur territoire français. »
Aux Verrières, les avis sont partagés. Le président de commune, Mike Simon-Vermot trouve cette décision « dommage pour un canton qui prône les transports publics. » Il souligne que la France devrait prendre en compte le fait que ces liaisons sont aussi là pour les travailleurs frontaliers. Un avis que partage son collègue verrisan François Geiser. Il juge toutefois que développer l’offre en transports publics depuis et vers Pontarlier ne va pas diminuer le trafic individuel sur la route.
Le président de la Commune de Val-de-Travers, Éric Sivignon estime que cette ligne aurait mérité d’être étudiée de manière bien plus approfondie. Il reconnait que ça devient compliqué pour le Canton de continuer à financer seul cette liaison qui sert en Suisse et en France. Mais il évalue qu’à « coûts équivalents, il y a moyen de faire une meilleure offre. » La Commune va répondre à cette consultation sans trop d’espoir. « Il nous semble que c’est extrêmement tard pour faire des changements. »
Éric Sivignon : « On est pas tout à fait satisfait. »
Les relations transfrontalières en matière de transports publics sont compliquées. La France ne veut pas mettre la main au porte-monnaie pour la ligne 590. La Région Bourgogne–Franche-Comté se montre frileuse également en ce qui concerne le rail. Il y a une année, elle a mentionné qu’elle ne souhaitait plus payer sa part de ligne ferroviaire Les Verrières-Pontarlier-Frasne. « Il n’est pas admissible que le Canton de Neuchâtel paie toute la note sur sol français », rétorque Laurent Favre
Laurent Favre : « Nous attendons une réponse engagée de nos collègues franc-comtois. »
L’horaire 2025 des transports est en consultation jusqu’au 9 juin. /cwi