Les finances de la compagnie de transports publics neuchâtelois sont fragiles. Des réflexions sont en cours pour trouver des solutions d’ici l’été prochain. Une augmentation de capital est discutée avec les collectivités publiques
Situation financière difficile chez TransN. La période est inquiétante, mais la direction et le conseil d’administration indiquent prendre le taureau par les cornes. Le budget 2024 montre un déficit de 2,7 millions de francs pour des charges d’environ 120 millions. En 2022, la société avait déjà bouclé sur une perte de 1,2 million.
Cette situation découle de plusieurs facteurs. La crise sanitaire a affaibli la compagnie et entraîné une diminution des réserves qualifiée de « considérable » par la direction : les marges de manœuvre financières ont fondu. Et les recettes sont en recul : en septembre 2023, elles étaient inférieures de 3% en comparaison à 2019. Les dépenses sont plus importantes : en raison de l’arrivée de nouveau matériel roulant, les amortissements sont plus conséquents. Sans parler des taux d’intérêt et des coûts de l’énergie qui ont pris l’ascenseur.
Le président du Conseil d’administration, Raphaël Comte, le concède : « Nous avons un gros défi sur le plan financier. La situation est complexe comme elle l’est pour d’autres institutions dans le canton ». Pour le président comme pour le directeur de TransN, Pascal Vuilleumier, que nous avons rencontré, c’est aussi un exercice de transparence : « Nous sommes soumis chaque année à plusieurs audits qui démontrent que l’argent public est correctement utilisé. Il n’y a pas de problème de gestion ; c’est un problème de coûts. Beaucoup de phénomènes auxquels nous devons faire face sont externes. On essaie de trouver des solutions main dans la main avec nos commanditaires », c’est-à-dire les collectivités publiques.
Raphaël Comte, président de transN :
La meilleure offre au meilleur coût
TransN a déjà pris plusieurs mesures : « Partout où nous le pouvions, nous avons réalisé des économies. Désormais, avec le Canton, nous avons décidé de solliciter une expertise externe », explique Raphaël Comte. Cet audit devra montrer, d’ici à l’été prochain, d’autres économies potentielles à réaliser. L’analyse comparera également le fonctionnement de TransN avec celui d’autres compagnies de transports publics. Aujourd’hui, difficile à dire ce qu’il ressortira de cette analyse. Mais le président du conseil d’administration indique « être prêt à faire en sorte de trouver des solutions, économiser là où il faut afin que les collectivités publiques bénéficient de la meilleure offre possible au meilleur coût possible ».
Augmentation de capital discutée
L’année 2024 s’annonce toujours compliquée : le budget prévoit un déficit de l’ordre de 2,7 millions de francs. « Nous devons aujourd’hui faire en sorte de rétablir notre situation financière. Si l’on cumulait ces déficits pendant plusieurs années, on aurait de réelles difficultés. Nous devons anticiper pour éviter une situation qui serait très dure ».
Raphaël Comte :
Une augmentation du capital-actions est discutée « très ouvertement avec les collectivités publiques. Il faut admettre qu’on a un capital social relativement bas au vu des investissements que nous réalisons ». Et le président de rappeler que les Transports publics fribourgeois sont en train d’augmenter fortement leur capital.
Raphaël Comte :
Le fonctionnement actuel n’est pas impacté
Reste qu’aujourd’hui « les prestations sont fournies, les collectivités publiques nous garantissent leurs indemnités, donc on peut continuer à faire fonctionner l’entreprise », explique Raphaël Comte. « Et pour la population qui emprunte les transports publics, les défis financiers ne se ressentent que très peu », indique le président du conseil d’administration. Malgré tout, certains bus n’avaient pas pu circuler périodiquement ces derniers mois en raison de manque de chauffeurs. Raphaël Comte rappelle par ailleurs que TransN aura prochainement « du nouveau matériel roulant sur les réseaux de La Chaux-de-Fonds et de Neuchâtel » visant à remplacer du matériel amorti et en bout de course. Raphaël Comte qui indique par ailleurs que « du nouveau matériel va arriver aux Ponts-de-Martel et on va investir des dizaines de millions de francs sur la ligne du Val-de-Travers et sur le Littorail pour refaire les gares et l’infrastructure. Pour la population, c’est une amélioration de la qualité ».
Désormais, l’objectif de TransN est de trouver des pistes d’économies d’ici l’été prochain. En plus de l’audit externe commandé, deux groupes de travail ont été mis sur pied. /aju