Les associations de protection de l’environnement montent une nouvelle fois au front contre le plan d’affectation cantonal portant sur le Haut Plateau du Creux du Van. Quatre oppositions, émanant de Birdlife Suisse, d’Helvetia Nostra, du WWF et de Pro Natura, ont été déposées auprès du Canton de Neuchâtel et du Canton de Vaud. Les autorités avaient remis une nouvelle fois à l’enquête ce document après y avoir apporté des modifications dans le but de limiter le nombre de mécontents qui s’élevaient à plusieurs centaines pour la première mouture du texte. À l’heure actuelle, 19 oppositions restent pendantes concernant la version initiale du plan, indique le conseiller d’Etat neuchâtelois en charge du dossier Laurent Favre.
Birdlife Suisse, Helvetia Nostra, le WWF et Pro Natura posent le même constat. À leurs yeux, cette seconde mouture affaiblit la protection de la faune et de la flore au profit des utilisateurs du site. Ces organisations dénoncent principalement l’ajout de tracés pédestres, notamment dans une zone de prairies et pâturages secs d’importance nationale, et le maintien de trois voies d’escalade hors de la période de nidification des oiseaux. Le directeur romand de l’association de protection de la nature et des oiseaux Birdlife Suisse, François Turrian, pointe du doigt le dérangement que cela provoquera pour les volatiles.
François Turrian
Le conseiller d’Etat en charge du développement territorial et de l’environnement ne peut pas se prononcer sur les oppositions, la procédure étant en cours à ce propos, mais pour Laurent Favre, ce nouveau plan établit « un équilibre entre un usage durable du site et sa préservation ». Il revient sur les changements apportés dans cette seconde version du texte :
Laurent Favre
Les Cantons de Neuchâtel et de Vaud trouvent tout de même certains soutiens face à cette nouvelle version du plan. La section neuchâteloise du Club alpin suisse se dit satisfaite des modifications apportées. Sa présidente, Carole Maeder-Milz, salue le maintien de trois voies d’escalade en dehors de la période de nidification des oiseaux et de l’accès à la cabane Perrenoud en hiver.
La Commune de Val-de-Travers n’a pas non plus reconduit son opposition. Le conseiller communal Frédéric Mairy indique que les points contestés dans la première mouture « ont évolué à notre satisfaction ».
Il en va de même pour Tourisme neuchâtelois qui indique avoir retiré son opposition. Son président, Bernard Soguel, se dit satisfait des modifications apportées mais attend que ce plan d’affectation soit appliqué le plus vite possible, après 10 ans d’attente. « Les touristes viennent pour la valeur naturelle exceptionnelle du site. Il faut donc la préserver », dit-il. Aux yeux de Bernard Soguel, il est fondamental de baliser les chemins piétonniers pour éviter que les visiteurs se dispersent sur tout le site. Tourisme neuchâtelois est aussi heureux d’avoir obtenu satisfaction sur deux points : l’autorisation de recourir ponctuellement à des drones et la possibilité pour les bâtiments, à l’image de celui du Soliat, de s’adapter aux normes notamment d’hygiène pour poursuivre leur activité.
En attendant, une mise en application du plan sur le Creux du Van, les Cantons ont déjà procédé à l’entretien d’un mur de pierres sèches et s’apprêtent à mener des mesures test de restauration de la végétation. Des panneaux seront aussi posés pour sensibiliser le public aux enjeux de protection de l’environnement.
« Mais tant que les oppositions perdurent, on n’ira pas plus loin », indique Laurent Favre. L’avenir dira si toutes les parties impliquées dans cet épineux dossier finiront par trouver un terrain d’entente ou si le sort du Creux du Van se jouera devant les tribunaux. /sbe