Grand coup de balai au sein du club de Ligue A féminine de volleyball. En raison de disputes internes entre le coach et les joueuses, ces dernières ont presque toutes été congédiées immédiatement par le club. La présidente évoque un événement grave qui a fait pencher la balance
Ambiance tendue
Selon plusieurs témoignages, les membres de l’équipe se seraient plaints de dysfonctionnements au sein du club en avançant des problèmes relationnels récurrents avec l’entraîneur. Une source interne raconte que la gestion de Luiz Souza « était catastrophique au niveau émotionnel ». Trois joueuses dont la capitaine seraient parties en cours de saison à cause du déficit de communication de leur coach. Selon cette même source, la majorité de l'équipe aurait tenté de faire remonter plusieurs fois le problème à la direction, sans succès. Les joueuses ont alors posé un ultimatum lors du mois de février qui n'a visiblement pas passé.
Luiz Souza avait déjà été au centre de polémiques similaires en 2015 lorsqu’il entraînait le NUC en Ligue A. La dégradation de l’ambiance dans le vestiaire avait poussé le club de Neuchâtel à renvoyer son entraîneur brésilien. Cette fois, Valtra a pris le parti du coach et c’est le contingent qui en fait les frais.
À la suite de ces licenciements, le vice-président a aussi présenté sa démission avec effet immédiat. Christophe Cabanes, père de l'une des joueuses licenciées, avait déjà émis le souhait de quitter le club en début de saison, mais cette dernière décision - prise durant une réunion à laquelle il n'a pas souhaité prendre part - a motivé son départ. Il laisse donc la présidente Joëlle Roy seule à la barre.
Confiance rompue
Pour Joëlle Roy, si les joueuses n'ont rien à se reprocher sur le terrain, un événement grave d'ordre personnel a forcé le comité à congédier la majeure partie de l'équipe. Contactée, la présidente de Valtra avance que « ce n’est pas un choix entre l’entraîneur et les joueuses. Récemment le comité a perdu entièrement confiance en l’équipe pour d'autres raisons ». Concernant ces licenciements, Joëlle Roy avance que le club a mûrement réfléchi avant de prendre cette décision, mais qu’il « n’était plus possible d’avancer dans ces conditions ». Par rapport à son entraîneur, la présidente avance qu’il possède un caractère bien trempé et de la franchise « il dit les choses, ce qui ne plaît pas toujours ». La confiance est en tout cas maintenue de la part de Valtra envers le Brésilien.
Actuellement, le club est en train de prospecter pour retrouver des joueuses, sans savoir quand se terminera la crise. « On travaille dans le vide peut-être et on ne peut rien promettre » rajoute encore la présidente.
Luiz Souza confiant
De son côté, Luiz Souza a pris acte de la décision du club. L'entraîneur nous a confié « ne pas vraiment savoir ce qu’il s’était passé ». Selon le Brésilien, il a fait son travail et les différends relationnels ne le touchent pas. Toutefois, ce dernier regrette le manque de franchise de certaines joueuses à son égard alors qu’il avait l’impression que les relations étaient cordiales.
Luiz Souza, qui est au bénéfice d’un contrat à durée indéterminée, se déclare confiant pour le futur. Selon lui, l’effectif a changé au cours de l’année et l’équipe s’en est toujours remise. Concernant les futures recrues, le Brésilien compte renforcer le contingent avec « des étrangères de qualité et des joueuses suisses qui ne disposent que de peu de temps de jeu en Ligue A ». Le reste de l’effectif devrait être issu des ligues inférieures. Luiz Souza annonce encore que l’objectif est de terminer aux places 6-8 pendant la prochaine saison.
Toujours en LNA ?
Se pose quand même la question de savoir si Valtra va toujours continuer d'évoluer dans la plus haute catégorie du volleyball suisse. En effet, alors que la crise liée au Covid-19 ne permet pas de prévoir un calendrier à court et moyen terme, le processus de recrutement devrait être plus laborieux. Il faudra en effet engager de nouvelles étrangères et surtout des joueuses suisses de qualité pour espérer se maintenir, et ce, avec un budget limité. Cette année, le club tournait avec 185'000 francs. A titre de comparaison, le NUC s'appuie sur un budget de 500'000 francs.
Au niveau sportif, Valtra a tout juste accroché la 8e place synonyme de play-off avant de s’incliner lourdement en quarts de finale face à Aesch-Pfeffingen durant cette saison 2019/2020. Lors de la phase de qualification, les Vallonnières avaient obtenu seulement quatre victoires. Les futures recrues devront être aussi performantes, sinon la chute pourrait être certaine.
Enfin, quid des joueuses renvoyées ? Désormais sur le marché, elles devraient pouvoir rebondir dans les clubs de la région. Selon nos informations, plusieurs sont déjà en contact avec des équipes de ligue nationale. /jha