Le président de la section UDC de La Chaux-de-Fonds a été sous les feux de la rampe lorsque l'affaire Legrix a éclaté.
Premier des viennent-ensuite sur la liste UDC pour le Conseil communal, Florian Robert-Nicoud avait fait savoir dans les médias qu'il était intéressé par un siège au sein de l'exécutif.
Au sein de son parti, certains disent qu'il a manoeuvré pour que Jean-Charles Legrix démissionne. D'autres, dont lui, réfutent ses informations.
Mardi, la Cour de Droit public du Tribunal cantonal neuchâtelois a rendu son arrêt dans l'affaire Legrix: elle accepte le recours de Jean-Charles Legrix. Le Conseil communal est désavoué. La suspension du chef du Dicastère des infrastructures et de l'énergie était illégale, disproportionnée et précipitée. Ce dernier devrait donc être réintégré dans ses fonctions. Reste à savoir quand... et où.
Florian Robert-Nicoud, comment accueillez-vous l’arrêt de la Cour de Droit public?
C’est une bouffée d’air frais. Depuis le début de cette affaire, les mots éviction, cabale, étaient prononcés. Beaucoup de personnes se sont plaintes du comportement de Jean-Charles Legrix au sein de l’administration. Ce sont des informations à prendre avec des pincettes. Comme le dit le tribunal, un comportement malvenu ne signifie pas qu’il faille immédiatement écarter la personne incriminée et ne pas respecter la volonté des urnes. Je rappelle d’ailleurs qu’aucune plainte pénale n’a été déposée contre Jean-Charles Legrix.
A vos yeux, les quatre autres membres du Conseil communal ont encore une crédibilité ?
Clairement non. Le lien de confiance est rompu. Notre groupe estime se retrouver face à une autorité qui n’a plus de crédibilité.
Vous leur demandez de démissionner ?
On attend de voir si Jean-Charles Legrix peut retourner au bureau. On laisse à l’exécutif une semaine de délai pour rétablir la situation. Si ce n’est pas le cas, on fera un communiqué de presse pour demander la démission de ses quatre membres.
Précisément, vous estimez que Jean-Charles Legrix doit retrouver son dicastère ?
C’est égal. C’est à lui de le savoir, je ne veux pas répondre à sa place. En tant que président de la section chaux-de-fonnière de l’UDC, ce qui m’importe, c’est qu’il retrouve des dossiers et qu’un travail politique puisse se faire.
On risque pourtant de se retrouver avec un recours au Tribunal fédéral…
J’en suis conscient. Et si c’est le cas, on repart pour six mois. Je pose dès lors une question : qui paiera les frais judiciaires ? Le contribuable ? Ou est-ce que les conseillers communaux accepteront de baisser leur salaire ? Tout cela a un prix !
Vous estimez que vous avez encore une légitimité au sein de l’UDC, vous qui avez fait savoir que vous étiez intéressé à reprendre le siège de Jean-Charles Legrix, en tant que premier des viennent-ensuite ?
Je ne suis pas calife à la place du calife. J’ai toujours dit que si Legrix venait à démissionner, il était hors de question de perdre ce siège. On en serait arrivé à une élection complémentaire, et les socialistes nous l’auraient probablement piqué. J’étais intéressé, c’est juste, mais je n’ai jamais voulu destituer Jean-Charles Legrix. Donc oui, j’ai encore toute ma légitimité et je continue de soutenir Jean-Charles.
Vous avez tout de même fait partie des gens qui lui ont mis la pression …
Je ne lui ai pas mis la pression pour lui reprendre sa place. Je n’ai pas eu les dents longues par intérêt personnel. J’ai voulu que le siège reste en mains UDC. C’est tout.
L’affaire Legrix vous a appris quoi ?
Cette affaire m’a permis d’avoir d’autres contacts, d’élargir mes horizons. Et surtout, elle m’a appris à grandir politiquement.
Une interview réalisée par Anabelle Bourquin.