Metalor a connu une forte demande d'or des USA

Les incertitudes liées aux droits de douane américain n'a pas péjoré la situation financière ...
Metalor a connu une forte demande d'or des USA

Les incertitudes liées aux droits de douane américain n'a pas péjoré la situation financière du raffineur neuchâtelois. La demande de métal jaune a même explosé ces derniers mois.

Les jours de l'ouvrier ne sont pas en danger (photo : archives). Les jours de l'ouvrier ne sont pas en danger (photo : archives).

L'affineur d'or neuchâtelois Metalor constate que l'incertitude liée aux droits de douane américains n'a pas porté préjudice à la bonne marche de ses affaires. La demande en métal jaune en provenance des Etats-Unis a même explosé sur les premiers mois de l'année en raison de la peur d'une éventuelle taxation.

Suite à l'élection du président américain Donald Trump à la fin de l'année dernière, "il y a eu aux Etats-Unis une forte demande des banques d'investissement pour des barres en or, afin de les importer vers ce pays avant l'imposition d'éventuels droits de douanes de 10%", explique dans un entretien à l'agence AWP le directeur général de Metalor, Nicolas Carrera, soulignant que sur une tonne d'or, ces taxes auraient représenté 10 millions de francs, "ce qui est conséquent".

"Durant quatre mois, ces banques et les traders ont ainsi fait bouger l'or de Londres à travers les différents affineurs dans le monde, dont ceux basés en Suisse, jusqu'aux Etats-Unis, pour se prémunir contre ces droits de douane", poursuit-il.

Les raffineries se sont employées à fondre le métal jaune et à le couler à la bonne taille, puisqu'à New York, le marché Comex a pour référence des lingots d'un kilo et non pas de 12,5 kg comme sur le marché de référence européen, basé à Londres et géré par la London Bullion Market Association (LBMA).

Au final, Donald Trump a décidé de ne pas taxer les métaux précieux "et, en conséquence, l'or est en train de repartir des Etats-Unis pour l'Europe, où le métal précieux est en partie repris alors que le reste se dirige vers l'Asie", observe le responsable.


Des taux qui montent en flèche

En raison du transfert de quantités massives d'or au pays de l'oncle Sam début 2025, le taux de financement de l'or, soit le coût d'emprunt à court terme, qui était basé sur les taux du marché de référence de Londres, s'est déplacé à New York. "Cela a eu pour résultat que ces taux, qui sont normalement assez bas et assez similaires aux taux d'intérêt suisse, sont montés jusqu'à 8%-10% de taux annuels", selon le patron du transformateur de métaux précieux sis à Marin-Epagnier, dans le canton de Neuchâtel.

"Nous avons donc dû adapter nos prix et répercuter ces hausses envers nos clients. Et donc, indirectement, tous les sous-traitants ont dû réduire leurs stocks-outils pour pouvoir gérer ces coûts qui ont pu être multiplié jusqu'à dix", révèle-t-il.

Les grandes maisons horlogères et joaillières, qui font partie des 20 principaux clients du groupe, "ont moins souffert car elles possèdent leurs propres stocks-outils ou réserves d'or", ce qui n'est pas le cas des sous-traitants, note M. Carrera. Il ajoute que, depuis fin avril, les taux sont en train de se régulariser.


Connecteurs, centres de données et puces

En raison également de la crise qui affecte le domaine horloger, Metalor constate une réduction de la demande de ce secteur ainsi que du luxe, "mais elle est compensée par la demande dans les marchés des connecteurs, des cartes-mères ou les centres de données et les puces utilisées dans l'intelligence artificielle", affirme son dirigeant, sans donner de chiffre, mais sans nier que les affaires vont bon train.

"L'or est également racheté de manière importante par les banques centrales, précise M. Carrera, "plutôt dans les pays émergents et asiatiques", le métal jaune étant une valeur-refuge en raison de l'instabilité géopolitique et se convertissant en alternative au dollar dans un contexte de dédollarisation.

"Nous ne livrons presque pas directement aux banques centrales, mais essentiellement à des banques d'investissement, qui, elles, passent des accords avec les banques centrales", fait-il savoir. Ces dernières font en effet des achats de 5 à 10 tonnes, 10 tonnes équivalant à 1 milliard de francs, et ce sont donc plutôt les établissements financiers qui gèrent ces opérations-là, indique-t-il.

Le prix de l'or s'est envolé ces derniers mois, atteignant de nouveaux sommets en raison des incertitudes provoquées par la guerre commerciale initiée par Washington. L'once de ce métal précieux a ainsi bondi depuis le début de l'année de 28,3% à 3364 dollars, après un plus haut historique à 3500 dollars le 22 avril.

/ATS


 

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