Le 37e Forum européen temps-fréquence se tiendra du 25 au 27 juin dans la capitale cantonale. L’événement réunira 450 spécialistes du domaine qui plancheront notamment sur une redéfinition de la seconde.
Le Forum européen temps-fréquence (EFTF) renoue avec ses origines. L’événement se tiendra du 25 au 27 juin à Neuchâtel, là où la première édition s’était déroulée en 1987.
Cette 37e édition réunira environ 450 spécialistes de la mesure du temps. L’Université de Neuchâtel et le CSEM, Centre suisse d’électronique et de microtechnique, figurent parmi les organisateurs de ce rendez-vous. Ce sont 300 exposés qui sont au programme.
Le public pourra notamment assister à une conférence, en anglais, consacrée à la redéfinition de la seconde. Le professeur de physique de l’Université de Neuchâtel Gaetano Mileti fait partie de la task force internationale qui planche sur la question. Deux scénarios se profilent : choisir « un atome en particulier ou une moyenne pondérée entre différents atomes », explique Gaetano Mileti. Une telle redéfinition aura un impact « sur les systèmes qui utilisent l’heure exacte, notamment dans le domaine des télécommunications et du positionnement par satellite », ajoute-t-il.
Ces questionnements sont issus du développement des horloges dites « optiques » qui sont « environ 100 fois plus exactes que les anciennes horloges », et qui sont ainsi meilleures que la référence, explique Gaetano Mileti.
Gaetano Mileti : « Il paraît logique de prendre les meilleures horloges pour définir la seconde. »
La dernière redéfinition de la seconde remonte à 1967. Ce groupe de travail international réfléchit également à la façon de supprimer la seconde intercalaire, mais aussi à la mise sur pied d’un temps lunaire. L’objectif est d’offrir une échelle de temps commune aux différentes missions qui partent vers la Lune.
« Définir cette échelle de temps cause les mêmes problèmes que la définition d’une échelle de temps sur terre. »
Parmi les spécialistes qui débattront de ces questions figure également Patrizia Tavella, directrice du Département temps du bureau international des poids et mesures, qui prendra également part à une session intitulée « Femmes et sciences ».
Un savoir neuchâtelois reconnu à l’échelle mondiale
Il faut savoir que Neuchâtel dispose d’un savoir-faire jugé unique au monde dans les domaines du temps et des fréquences. C’est un Neuchâtelois, Albert Hirsch, qui est à l’origine du méridien de référence, le méridien de Greenwich. L’observatoire duquel il travaillait existe toujours sur la plaine du Mail. Aujourd’hui, la région reste à la pointe au niveau européen pour les horloges spatiales par exemple. L’accès restreint de la Suisse à certains programmes de recherche menace toutefois cette position et le tissu industriel de la région, selon Gaetano Mileti. Le manque d’alternative à l’échelle européenne permet toutefois à Neuchâtel de « maintenir encore son leadership », conclut le professeur de l’Université de Neuchâtel.
« Un leadership menacé. »
Au CSEM, l’accent est mis sur la miniaturisation des horloges atomiques ; un moyen de réduire la consommation énergétique de ces objets. Le travail est aussi orienté vers l’industrie et vers des applications pratiques. Sylvain Karlen, responsable du groupe Quantum tech au CSEM, évoque des débouchés dans la synchronisation des réseaux de télécommunications ou de systèmes sous-marins.
Sylvain Karlen : « On a réussi à miniaturiser complètement le système d’horloge. »
Le Centre suisse d’électronique et de microtechnique travaille également sur les dernières générations d’horloges à transition optique. L’intégration de laser dans les horloges atomiques constitue justement l’un des thèmes à l’ordre du jour de ce 37e Forum européen temps-fréquence. /sbm