La peine de l'avocat et ancien entraîneur de football a été alourdie en appel par la Cour pénale neuchâteloise. Le prévenu écope de 12 mois de prison ferme notamment pour des actes d'ordre sexuel avec des mineurs.
« Le prévenu a développé une activité criminelle importante avec de nombreux actes, perpétrés sur plusieurs victimes et cela malgré différentes alarmes », a déclaré le président de la Cour, Emmanuel Piaget. Pour le juge, l'accusé a fait preuve de déni et n'a pas pris conscience de l'impact de ses agissements.
Le jugement est assorti d'une interdiction à vie d'exercer au niveau professionnel et non professionnel avec des mineurs ainsi que d'une injonction à la poursuite d'un traitement psychiatrique. Outre les actes d'ordre sexuel avec mineurs, le prévenu a été jugé coupable de contrainte, de contrainte sexuelle et de voies de fait. Outre les 12 mois de prison ferme, l'accusé a été condamné à 22 mois de prison avec sursis pendant cinq ans.
Selon le président du Tribunal, l'accusé a accompli l'ensemble de ses actes « dans un but de contrôle et de domination et dans un contexte humiliant ». Il faisait des contrôles d'urine, amenait les adolescents à la douche ou prenait les mensurations des jeunes qu'il avait en stage ou en apprentissage.
La Cour a jugé crédibles les déclarations d'un jeune qui avait dit avoir été masturbé par le prévenu pendant qu'il dormait à l'hôtel lors de voyages payés par le notable. Cette victime, « dont la famille est sous influence morale et financière du prévenu », s'est rétractée et a déclaré qu'il s'agissait d'un chantage. « Aucune pièce au dossier ne montre qu'il s'agit de manipulation », a expliqué Emmanuel Piaget.
L'accusé a aussi touché les parties génitales de l'un des plaignants. Le jeune avait le « choix » entre dormir avec l'accusé dans son lit ou recevoir une gifle ou une fessée.
« Emprise »
L'accusé, du fait de son statut d'entraîneur de foot, de maître de stage ou d'apprentissage, exerçait une « emprise » sur les jeunes, qui était croissante au fil du temps. Il usait d'une pression psychologique extraordinaire sur les victimes et une soumission, comparable à de la contrainte, a jugé le président du Tribunal.
Les adolescents « étaient dans l'incapacité de résister », du fait de la dépendance émotionnelle, sociétale et économique envers l'accusé.
Cinq jeunes font partie des victimes recensées par l'acte d'accusation. Trois ont porté plainte et deux ont fait appel du premier procès où le quadragénaire avait écopé 22 mois de prison avec sursis durant trois ans.
Connotation sexuelle
Le Ministère public avait requis 30 mois de prison, dont 12 ferme. La procureure Sarah Weingart, qui a déclaré que « la justice a été faite », avait relevé durant l'audience la connotation sexuelle des actes du prévenu : donner des fessées, savonner et sécher les adolescents, leur mettre de la crème y compris sur les parties intimes, les masturber, dormir dans le même lit, assister à leur douche, se tenir nu en guise de punition.
L'accusé a expliqué qu'il était dans une dynamique père-fils et qu'il était attaché à la réussite de ces jeunes. Pour ses défenseurs, qui plaidaient l'acquittement, le prévenu aurait été victime de la vox populi et jugé « coupable dès le départ » et sans preuve.
« Cette affaire est hantée par la première. Elle est colorée d'une dimension sexuelle par l'appréciation du Ministère public », avait déclaré Loïc Parein, avocat de la défense.
En 2017, l'avocat-entraîneur avait en effet déjà eu affaire à la justice pour des actes similaires. Le Tribunal cantonal l'avait libéré en deuxième instance des charges retenues contre lui, estimant que le doute devait profiter à l'accusé.
En apprenant le verdict de la cour, un des avocats de la défense Jean-Marie Röthlisberger a expliqué qu'il est « sidérant » que la peine soit supérieure à celle requise par le Ministère public. Un recours au Tribunal fédéral a été annoncé. /ATS-gtr