L’arrivée d’Uber fait grincer des dents à Neuchâtel parmi les compagnies de taxis locales.
Au début du mois, l’entreprise américaine annonçait démarrer une collaboration avec deux compagnies de la place, Taxicab à Neuchâtel et Taxi Bleu à La Chaux-de-Fonds.
La présence de l’application de réservation inquiète plusieurs compagnies actives dans la capitale cantonale, dont les bien connus Taxis Roland. Ces entreprises dénoncent un contexte économique de plus en plus tendu.
Uber, comme le loup dans la bergerie ?
Nicole Cleto, la directrice de Taxis Roland, dit avoir reçu, comme les autres compagnies neuchâteloises, une lettre d’Uber en janvier : la compagnie américaine cherchait des partenaires. Mais hors de question pour l'entrepreneure de faire entrer le loup dans la bergerie. Selon Nicole Cleto, le concurrent de Taxis Roland, Taxicab, tente en s’alliant avec Uber de créer un monopole en ville de Neuchâtel pour mieux survivre dans une situation qu’elle estime de moins en moins viable.
Les deux compagnies de taxis que nous avons rencontrées expliquent que le Covid a asséché une profession qui tirait déjà la langue : les taxis font moins d’allers-retours entre la gare de Neuchâtel et les hôtels à cause de la culture du télétravail. « La nuit, nous n’avons plus de clients », déplore Nicole Cleto.
« Concurrence déloyale »
Cette réalité est aussi due, d'après elle, à la concurrence de plus en plus vive de l’association Valet de cœur, qui propose des trajets nocturnes à bas prix. Pour cette patronne d’entreprise, cette activité constitue « une concurrence déloyale bénéficiant d’un certain laisser-aller de la part des autorités ».
Nicole Cleto affirme qu’en respectant le salaire minimum et en payant les charges sociales, bref en respectant les règles, il est de plus en plus difficile de régater dans ce marché qu’elle décrit comme très peu contrôlé. Taxis Roland possédait le maximum de cinq concessions à près de 50'000 francs pour pouvoir se parquer sur les cases taxi en ville de Neuchâtel. L’entreprise en a déjà revendu deux pour pouvoir, dit la patronne, continuer de tourner.
La Ville de Neuchâtel se défend
La Ville de Neuchâtel répond qu’il y a « en règle générale très peu de problèmes et même aucune plainte concernant des abus d’utilisation des emplacements de taxi ». Les autorités communales précisent que les exploitants ont toujours la possibilité d’appeler la Sécurité publique en cas de problème. La Ville ajoute que la commission paritaire des taxis offre un espace de dialogue régulier « afin de garantir un service de qualité à la population ».
Et pour les éventuels contrevenants, le règlement communal prévoit des sanctions qui vont de l’avertissement au retrait de l’autorisation de conduire, ou de la concession, ou du droit de stationnement. Des amendes allant jusqu’à 1’000 francs pour un chauffeur et jusqu’à 3’000 francs pour un concessionnaire sont aussi prévues. /vco