Le prévenu est notamment accusé d’actes d'ordre sexuel avec des mineurs. Il comparait depuis mardi devant la Cour pénale. L’homme avait fait appel de sa condamnation à 22 mois de prison avec sursis en première instance
Un avocat et ex-entraîneur de football de juniors a été rejugé mardi en appel pour des actes d'ordre sexuel sur mineurs par la Cour pénale neuchâteloise. En décembre 2022 en première instance, l'accusé avait été condamné à 22 mois de prison avec sursis durant trois ans. Le Ministère public avait requis trois ans de prison dont un an ferme. Le jugement était assorti d'une interdiction à vie d'exercer des activités avec des mineurs. L’homme avait déjà eu a faire à la justice en 2017 dans une affaire similaire. Il avait été acquitté.
Ce mardi, la défense a essayé de démontrer qu'on a confisqué la présomption d'innocence à son client. "Cette affaire est hantée par la première. Elle est colorée d'une dimension sexuelle par l'appréciation du Ministère public (...). Depuis le départ, il est coupable alors que mon client est innocent », a expliqué Loïc Parein, avocat de la défense, qui a fait appel. Le prévenu avait été acquitté dans une affaire similaire. Mais pour l’avocat d’un plaignant « La théorie du complot de la défense ne tient pas la route. » Il a été suivi par le mandataire d’un autre plaignant pour qui « La thèse de la vengeance en lien avec la première procédure n'est pas crédible, car les faits sont indiscutables. »
Les faits se sont passés entre 2017 et 2020. L'acte d'accusation évoque cinq victimes, âgées de 13 à 15 ans au moment des faits. Trois adolescents étaient parties civiles en 1re instance, mais seulement deux ont fait appel. Un jeune, auditionné mardi et dont l'abonnement téléphonique est toujours payé par l'accusé, a expliqué s'être fait passer pour une victime, mais ne pas en être une. Le message, où il accusait l'avocat de l'avoir masturbé pendant des voyages, était uniquement de la manipulation pour que le prévenu "ne soit plus sur son dos". En 1re instance, le tribunal avait jugé que ses déclarations n'étaient pas fiables.
Forte emprise
Selon le premier jugement, l'accusé avait une forte emprise sur les jeunes. Le quadragénaire leur offrait de nombreux cadeaux, les invitait à venir à son étude après les matches, leur proposait une place de stage ou d'apprentissage ou de petits boulots rémunérés et il les aidait lors de difficultés scolaires.
Le notable, désormais âgé de 48 ans, avait notamment offert des vêtements et des chaussures de marque à un adolescent de 15 ans, qu'il emmenait voir des matches de foot à l'étranger, durant lesquels il dormait dans le même lit que lui. Selon le jeune, le prévenu contrôlait son travail et le punissait en l'obligeant à se mettre tout nu. Il a aussi indiqué que le quadragénaire le contraignait à se doucher et le savonnait sur tout le corps. Il le séchait lui-même, y compris les parties intimes, et lui mettait de la crème sur les jambes. « Je lui montrais que je ne voulais pas qu'il enlève mon short, je le retenais et à la fin je cédais. Pour le reste, je ne lui disais rien, parce que je recevais toutes ses choses de sa part. On se sent alors un peu obligé », a expliqué le jeune homme. Le plaignant a déclaré qu'il n'en pouvait plus. « Tout ce que j'ai subi m'a fait arrêter mon apprentissage. »
Une autre victime affirme avoir reçu également des fessées ou des claques. Interrogé par la défense sur la période durant laquelle les coups ont commencé, le jeune homme a déclaré ne pas s'en souvenir.
Coupable dès le départ, regrette la défense
La Cour pénale neuchâteloise a refusé mardi matin d'auditionner de nouveaux témoins, le psychiatre qui suit l'accusé et un policier en charge de l'enquête. Il a en revanche entendu un troisième jeune qui faisait un apprentissage chez l'avocat et dont l'abonnement téléphonique est toujours payé par ce dernier.
Ce témoin a expliqué que le message où il accusait l'avocat de l'avoir masturbé pendant des voyages était uniquement de la manipulation pour que le prévenu ne soit plus sur son dos. « Je me suis fait passer pour une victime. » Il a indiqué n’avoir pas eu conscience, à l’époque, de la gravité de ses propos.
La défense a apporté un plan des lieux pour « mettre un terme à la confusion géographique », a précisé Loïc Parein. L'avocat a ajouté que les locaux sont séparés en deux parties et que les actes présumés n'ont pas eu lieu à l'étude, mais dans la partie privée. « On cherche à peser sur sa qualité d'avocat, plus susceptible d'être soupçonnée ».
Lors de son audition, le prévenu a expliqué qu’il agissait avec ces jeunes dans une relation père-fils et en accord avec leur parent.
Le procès se poursuit mercredi. Le verdict sera rendu normalement la semaine prochaine. /ats-sma