Le Conseil d'Etat neuchâtelois a demandé au conseil d'administration du CNP d’obtenir des réponses sur d'éventuels signes de dysfonctionnement à l'interne. Le Canton veut savoir si la structure ou les options stratégiques sont problématiques
Le Conseil d'Etat neuchâtelois prend au « sérieux les préoccupations » du collectif de médecins et de psychologues du Centre neuchâtelois de psychiatrie (CNP). Il a donné un délai à fin juin au président du conseil d'administration du CNP pour obtenir des réponses sur d'éventuels signes de dysfonctionnement à l'interne.
« Nous n'avons jamais eu de plainte mettant en doute la qualité de la prise en charge et la sécurité pour les patients du CNP », a déclaré mercredi Frédéric Mairy, conseiller d'Etat en charge de la santé, en réponse à une interpellation de députés interpartis. Une enquête externe de 2023, pour laquelle des patients ont été consultés, avait d'ailleurs placé le CNP au 2e rang des cliniques psychiatriques de Suisse.
L'Etat prend néanmoins au sérieux les préoccupations du collectif de 21 médecins et psychologues et a pris des contacts dès fin mars et la réception de la lettre du collectif. Il souhaite que le conseil d'administration rencontre une délégation des signataires - qui n'a pas encore été désignée. Frédéric Mairy n'exclut pas de les rencontrer également.
Le Conseil d'Etat veut savoir si ce sont la structure ou les nouvelles options stratégiques qui sont problématiques et si les mesures en place sont suffisantes ou pas. Frédéric Mairy reconnaît que le système de santé suisse est sous pression avec la hausse des coûts et la pénurie de personnel.
Frédéric Mairy, conseiller d'Etat en charge de la santé
A la suite de l'interpellation, le Grand Conseil a voulu ouvrir le débat. Sarah Curty (PLR) a expliqué que « l'on ne peut pas fermer les yeux sur la situation », vu que l'on parle d'erreurs de diagnostic et de surmédication avec des patients vulnérables et que l'institution pourrait s'effondrer.
Violation du devoir de réserve
La députée s'interroge : « Nous avons voté en février à l'unanimité les nouvelles orientations stratégiques du CNP. La direction a-t-elle étouffé l'affaire ? Est-ce que nous n'avons vu rien venir ? »
Le député PLR Blaise Courvoisier est choqué par la violation du devoir de réserve des médecins. « Nous n'avons reçu aucun courrier de leur part quand nous avons abordé le sujet en commission. On ne peut pas attaquer par le biais des médias (...) sans aucune preuve ».
Pour le vert'libéral Maxime Auchlin, « il faut faire la lumière » mais le fait, que des soignants soient intervenus dans la presse, risque de provoquer un dégât d'image, dommageable pour recruter du personnel et auprès des patients.
La socialiste Anne Bramaud du Boucheron a rappelé que la commission n'a pas pu obtenir de chiffres sur le turnover du personnel de la part de la direction. « Ces changements ont un impact sur les collaborateurs et sur les soins aux patients ». La députée souhaite que la commission de gestion et d'évaluation (Coges) reste vigilante sur ce dossier.
Pour Brigitte Neuhaus (Verts), les réformes structurelles importantes de ces cinq dernières années, le changement de l'équipe de direction, le Covid et les coupes budgétaires ont créé « un mélange détonant ». Selon elle, il faut mener des investigations pour savoir si la fragilité de l'institution était connue ou pas. /ATS-fba