L'éprouvant procès du drame de La Neuveville a trouvé son épilogue mercredi. Au bout de trois heures d'exposé, le Tribunal Jura bernois-Seeland a condamné six des huit prévenus pour homicide par négligence. Certains ont aussi été reconnus coupables de violation des règles de l’art de construire commise par négligence. Selon la justice, tous ont eu un rôle, de par leurs erreurs ou leur inaction, dans la mort par électrocution de deux femmes dans les eaux du lac de Bienne en mai 2017.
Les peines prononcées par la juge vont de 110 à 300 jours-amendes avec sursis durant deux ans. « En matière de sécurité, l'on ne prend jamais assez de précaution », a souligné Maryvonne Pic Jeandupeux qui a estimé qu'une peine privative de liberté n'avait pas de sens, les prévenus devant déjà vivre avec le poids de la culpabilité.
Il a beaucoup été question lors de la lecture du verdict par la juge unique de rapports hiérarchiques, de rejet de responsabilité pour se dédouaner, de communication lacunaire et de manque de curiosité des accusés, des électriciens et des monteurs-électriciens. Certains des prévenus n'ont pas donné de version claire lors de l'instruction.
L'épilogue de ce drame qui avait ému non seulement la région, mais toute la Suisse a suscité en vif intérêt. Une trentaine de personnes et près d'une quinzaine de journalistes ont assisté à la lecture du jugement. Des proches de la victime néerlandaise avaient aussi entrepris le déplacement à Moutier.
Une page qui se tourne pour la famille de Claire
Robert Schläfli, père de Claire, l'une des victimes, s'est exprimé devant les médias au terme de l'audience. Aux côtés de son épouse, il a dit s'attendre à ce verdict. « Je ne voulais pas envoyer ces personnes en prison », a-t-il insisté. « J’espère simplement que tout cela servira de leçon, que ça ne se reproduise jamais. »
« Ils vont retrouver leur activité, nous ne retrouverons pas notre fille »
Robert Schläfli a profité de cette ultime prise de parole pour dénoncer une procédure horrible de par sa longueur. Le père de Claire a aussi regretté que les responsables politiques communaux de l'époque, « les vrais coupables », n'aient pas été inquiétés en justice, ou du moins par la Préfecture, laquelle a selon lui brillé par son inactivité dans ce dossier. Robert Schläfli a eu une pensée émue pour les proches de l'autre victime, une ressortissante hollandaise. Il a aussi évoqué d'autres cas, à Neuchâtel, à Genève : les drames liés à des installations électriques ne sont pas rares selon lui, mais trop de silence entoure ces affaires a-t-il martelé. Pour lui et ses proches, le moment est venu de tourner la page. Avancer, mais sans oublier. /ATS-Oza