Se rendre à Paris en train au départ de Neuchâtel en quatre heures, ça pourrait n’être plus qu’un souvenir d’ici 2026. La ligne ferroviaire qui passe par Frasne est en péril. Entre Les Verrières et Pontarlier, l’infrastructure doit être rénovée. Coût de l’opération : 15 millions de francs.
Suisse et France, les deux pays concernés, n’ont actuellement pas d’entente sur les clés de répartition en matière d’investissements, assure Pascal Vuilleumier, le président de la Fédération du Transjuralpin, la FTJA, qui défend et promeut les intérêts de la ligne. Elle regroupe des représentants des régions, des communes, des cantons, des opérateurs et des commanditaires des deux côtés de la frontière.
La Confédération, assure Pascal Vuilleumier, a déjà mis la main au porte-monnaie, notamment avec les crédits LGV (lignes à grande vitesse) entre la Suisse et Dijon. Le blocage se situe du côté français, selon le président de FTJA. « Il faut maintenant trouver un équilibre entre partenaires ». Et la Fédération du Transjuralpin entend bien jouer un rôle en mettant autour de la table les différents acteurs pour trouver des solutions.
« Il n’y a pas la volonté de supprimer cette liaison. Il n’y a pas non plus une volonté de la développer »
Pour le massif jurassien franco-suisse, cette liaison ferroviaire est un outil d’aménagement du territoire, d’un point de vue touristique, mais aussi économique.
« De l’argent a été investi dans le massif du Jura pour relier Berne à Paris »
Si aucune solution n’est trouvée, la ligne pourrait rester ouverte, mais avec une vitesse réduite et un rallongement du temps de parcours. « Ça deviendrait impossible de faire passer ces trains entre d’autres convois entre Frasne et Neuchâtel », explique Pascal Vuilleumier.
« Il y a clairement un risque pour cette ligne »
Actuellement, les rails entre Les Verrières et Pontarlier sont peu utilisés. Une solution serait de « développer les liaisons pour faire rouler d’autres trains. Il faudrait avoir une réflexion dans le triangle Lausanne-Dijon et Frasne-Pontarlier-Neuchâtel pour optimiser l’utilisation de cette infrastructure ».
Si la liaison Neuchâtel-Frasne-Paris devait disparaitre, les effets s’en feraient ressentir sur toute la région. Le président de la FTJA évoque une éventuelle disparition de la gare de Frasne, avec des répercussions sur la gare de Pontarlier.
« Si les TGV ne s’arrêtent plus, il n’y a plus d’intérêt pour la SNCF de garder cette gare »
La liaison Neuchâtel-Frasne-Paris souffre aussi d’une dégradation de la distribution des titres de transport. Pour des raisons de quotas de places, le train affiche complet sur des trajets au départ de Neuchâtel alors qu’il y a encore de la place au départ de Lausanne. Les personnes qui utilisent régulièrement la ligne savent qu’en cas de manque de place au départ de Neuchâtel, il faut aller regarder du côté du canton de Vaud et le cas échéant acheter un billet Vallorbe-Frasne-Paris pour avoir une place pour le dernier tronçon du voyage. Là encore, Suisse et France n’ont pas d’interface commune.
« Pouvoir trouver des places dans le train devient complexe »
Depuis trois ans, pour défendre les intérêts des trains franco-suisses du massif jurassien, la FTJA a un renfort de poids : le canton de Vaud. Lausanne se rend compte de la saturation des trains entre les capitales vaudoise et genevoise.
« Neuchâtel était un peu seul »
La Fédération du Transjuralpin tient son assemblée générale le 22 août prochain à Pontarlier, en présence de représentants de la SNCF et de Lyria. /cwi