RHNe : la pénurie de médicaments va de mal en pis

Le nombre de produits manquant à l’appel est en hausse depuis plusieurs mois. Le Réseau hospitalier ...
RHNe : la pénurie de médicaments va de mal en pis

Le nombre de produits manquant à l’appel est en hausse depuis plusieurs mois. Le Réseau hospitalier neuchâtelois, qui rapporte une quinzaine de ruptures d’approvisionnement par semaine, redouble d’efforts pour trouver des solutions

Une quinzaine de médicaments manquent chaque semaine au RHNE. (Photo : libre de droits). Une quinzaine de médicaments manquent chaque semaine au RHNE. (Photo : libre de droits).

Les stocks de médicaments en Suisse tirent la langue. La situation ne cesse de se dégrader depuis plusieurs mois. Cette pénurie s’explique notamment par une augmentation de la demande pendant la pandémie de Covid-19, par des contrôles plus stricts de la production à l'étranger, ainsi que par des épidémies de grippe et de bronchiolites. Cette situation est exacerbée par le fait que la production de principes actifs est concentrée sur quelques sites, principalement en Asie. Les pharmaciens des hôpitaux ont été les premiers à remarquer ce phénomène, qui est maintenant devenu plus visible pour le grand public.


Pénurie de molécules problématique

Le pharmacien-chef du Réseau hospitalier neuchâtelois (RHNe) Grégory Podilsky rapporte aujourd’hui près d’une quinzaine de produits manquants par semaine. Il estime au total entre 600 et 800 médicaments en rupture d’approvisionnement d’ici la fin de l’année. Tous les domaines de la médecine sont touchés par cette crise « que ce soient les hypertenseurs, les antiviraux, les antibiotiques ou encore les médicaments oncologiques ».

Grégory Podilsky : « On a des problèmes d’approvisionnement avec l’aspirine, ce qui peut paraître surprenant, voire inconcevable »

Stratégie : anticipation

De la même façon que les autres établissements hospitaliers en Suisse, le RHNe lutte avec les ressources à sa disposition contre ce fléau. Outre les mesures de contingence et la quête d'alternatives, sa stratégie principale consiste à anticiper autant que possible les situations délicates. À cette fin, la pharmacie de l'hôpital public neuchâtelois a mis en place une structure spécialement dédiée à la gestion des ruptures d'approvisionnement. Celle-ci effectue un suivi attentif du marché et des commandes, en vue de réagir promptement à tout incident de commande, même anodin il y a deux ans.

Grégory Podilsky : « Plus on est prêt et plus on voit venir une rupture, plus on peut se préparer »

Autre stratégie, mais limitée selon Grégory Podilsky : augmenter l’autonomie de base. Par définition, le RHNe n’a pas des stocks indéfinis de médicaments. « Nous avions à l’époque entre quinze jours et un mois d’autonomie (…) ce n’est plus le cas aujourd’hui », regrette le pharmacien-chef. Pour les molécules critiques, l’autonomie a été poussée à deux ou trois mois, « mais le but n’est pas de faire un surstockage démesuré qui aurait comme conséquence de participer à déséquilibrer davantage le marché ».


Perspectives inquiétantes

En se fondant sur les événements des derniers mois, voire même des deux dernières années, l’avenir suscite peu d’optimisme, selon Grégory Podilsky. Les tendances actuelles révèlent une augmentation des ruptures, qui sont susceptibles de persister à très court terme. « Les perspectives sont sombres et inquiétantes. » Le niveau de criticité des ruptures ne cesse d'augmenter, car par le passé, il y avait de nombreuses alternatives pour le pallier le manque de certains médicaments. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, ce qui laisse une marge de manœuvre limitée. « Le RHNe essaie de répondre [à ces enjeux] en optimisant sa préparation. »

Grégory Podilsky : « À l’époque, les alternatives à disposition étaient relativement conséquentes »

À moyen terme, le RHNe a l'espoir que des stratégies nationales et internationales soient mises en place pour donner un peu d’oxygène au marché et de la résilience à l’approvisionnement. Cela nécessitera différentes solutions économiques, par exemple en revalorisant l’achat de certains médicaments indispensables qui ne sont plus aujourd’hui rentables. Il pourrait également être nécessaire de relocaliser la production pour améliorer l'autonomie, mais ces stratégies ne peuvent être mises en place rapidement. Il est donc crucial que « la Confédération mette en place des stratégies de réponse plus agressive avec des partenaires industriels », conclut le pharmacien-chef de RHNe. /dsa


 

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