Un pays d’Europe a annoncé de manière anonyme qu’il souhaiterait envoyer ces armes controversées en Ukraine. Le directeur de la Fondation Digger, Frédéric Guerne, estime que ça ne fera qu’exacerber le conflit
Un pays européen a proposé d'envoyer des bombes à sous-munitions à l'Ukraine. Il assure que ces armes controversées pourraient être utiles sur le champ de bataille. L'identité du pays n'a pas été révélé. Le gouvernement de ce dernier a approuvé la livraison et cherche à obtenir l'accord de l'Allemagne, impliqué dans la production des munitions.
Frédéric Guerne : « Ce sont des bombes qui créent beaucoup de problèmes humanitaires »
Des armes très incertaines
L’utilisation de bombes sous-munitions et leur transfert sont interdits par la convention d'Oslo de 2008, signée par une grande partie des pays occidentaux. Or, ni l’Ukraine, ni la Russie n’ont signé ce document. Toutefois, ces armes comportent beaucoup de risque. « Elles ont un taux de dysfonctionnement terrible, entre 5 et 40% », raconte le spécialiste en déminage, Frédéric Guerne. Le directeur de la Fondation Digger à Tavannes ajoute « que ces soucis créent des problèmes humanitaires gigantesques ». Si l’on simplifie, ces bombes très imprécises ont des chances de frapper une immense proportion de civils de manière incontrôlée, mais vont également impacter fortement les sols. « Sur le court terme, lors d’un conflit, il est clair que ces armes sont efficaces, mais c’est le long terme qui compte. Elles vont avoir des répercussions, notamment sur la réutilisation des sols, qui vont être absolument catastrophiques », explique Frédéric Guerne.
Frédéric Guerne : « L’Ukraine est le pays le plus miné de la planète »
Un manque de soutien
La Fondation Digger est active en Ukraine pour déminer les différents sols et c’est très intense à en croire son directeur. Il raconte que la nation « détient le triste record du pays le plus miné de la planète ». « La surface polluée par des engins explosifs correspond à six fois la surface de la Suisse », précise Frédéric Guerne. Il faut donc agir vite, toutefois, il déplore un manque de soutien de la part de la Confédération pour fournir les machines nécessaires sur le terrain. « Il y a plusieurs demandes en cours, mais ce n’est pas rapide, il faut convaincre », s’exaspère-t-il. « Des fois, j’avoue être un petit peu amer en voyant des dynamiques complètement différentes ailleurs », avoue-t-il. Quoiqu’il en soit, le spécialiste est conscient que ces bombes à sous-munitions ne vont faire qu’empirer la situation. /ATS-lge