C’est un chantier qui avait défrayé la chronique l’automne dernier pour des accusations de salaires impayés. Les travaux de construction du projet immobilier à La Coudre sont désormais en partie repris par Bieri-Grisoni, Bernasconi et Marti Arc Jura
Le chantier Bella Vista à La Coudre en mains locales. Un consortium de trois entreprises neuchâteloises a repris une partie des travaux de gros œuvre. Le plus gros chantier du canton s’était retrouvé dans la tourmente l’automne dernier. Des sous-traitances en cascade auraient causé des irrégularités avec des retards de paiements de salaires des ouvriers et des horaires dépassés à plusieurs reprises, selon le syndicat Unia. L’entreprise appenzelloise Rutsch Bau, qui avait été mandatée pour les travaux de gros œuvre, est depuis en liquidation.
Aujourd’hui, ce chantier prend donc un nouveau départ avec ce consortium composé de Bieri-Grisoni, Bernasconi et Marti Arc Jura. Les employés de ces trois entreprises sont à pied d’œuvre depuis le 16 janvier, explique Jean-Claude Baudoin. « Un défi en temps, en argent et en compétences, mais elles vont le relever, je n’en ai aucun doute », estime le secrétaire général de la Fédération neuchâteloise des entrepreneurs.
« Le bon marché coûte parfois plus cher »
Jean-Claude Baudoin relève « l’esprit de partenariat » qui a animé les discussions autour de cette reprise de chantier. L’entreprise générale Porr Suisse AG, en charge du projet Bella Vista, « a compris que le bon marché coûte parfois plus cher ».
Le directeur romand de Porr Suisse AG, Carlos Garrido, explique qu’à la suite des évènements survenus sur le chantier, et qui ont été condamnés dans un communiqué de Porr Suisse le 8 novembre dernier, « la volonté a été de se tourner vers les entreprises locales pour avoir plus de facilités pour réaliser ces travaux. Mais aussi dans l’idée de mieux s’intégrer dans le bassin économique de la région pour d’éventuelles futures collaborations ». Aux yeux de Jean-Claude Baudoin, l’entreprise Porr se devait de réagir en ce sens.
À cause des dysfonctionnements, le chantier a tourné au ralenti. Il s’agit désormais de mettre les bouchées doubles pour tenir les délais. « Ils le seront », assure Carlos Garrido. « La livraison des immeubles se fera de manière échelonnée dès le printemps de l’année prochaine où les premiers habitants se verront remettre leur clé. La fin du chantier est prévue à la fin de l’été 2024 », précise-t-il encore.
Le consortium neuchâtelois est, lui, chargé de la construction de deux immeubles, les moins avancés sur le planning, sur les sept que compte le projet Bella Vista. Ce dernier doit abriter environ 280 logements, dont un tiers est dévolu à la vente, le reste à la location. Le groupe bernois Frutiger est aussi actif sur le chantier depuis mi-novembre et est en charge de deux autres immeubles.
« Lors de l’adjudication, les entreprises neuchâteloises avaient préféré renoncer »
Pourquoi les entreprises du coin n’ont pas été retenues pour mener à bien ce chantier dès son départ ? Jean-Claude Baudoin explique que « lors de l’adjudication en 2021, les exigences pour obtenir le marché faisaient des entreprises qui acceptaient, des entreprises téméraires qui étaient prêtes peut-être à sacrifier le respect d’une convention collective pour avoir du travail. Et les entreprises neuchâteloises ont préféré renoncer pour ne pas prendre trop de risques à de vils prix ».
De son côté, le directeur romand de Porr Suisse AG, Carlos Garrido, précise « qu’au moment de l’adjudication des travaux, il manquait d’offres locales complètes et que Rutsch Bau figurait parmi les seules entreprises à en proposer une ».
« Avec la solution neuchâteloise, il n’y a que des gagnants »
« Cette reprise de chantier par des entreprises de la région est une bonne nouvelle pour l’économie neuchâteloise, l’emploi et les sociétés concernées », conclut Jean-Claude Baudoin. Un sentiment partagé par Porr Suisse AG qui se dit « convaincu de mener à bien le projet Bella Vista avec ses partenaires locaux ».
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