Parole d’apiculteurs : on n’a jamais vu ça à ce stade de l’année. Les reines pondent déjà grâce aux grandes quantités de pollen amenées par les abeilles
Les températures exceptionnellement douces pour la saison remettent de la vie dans les ruchers. Le thermomètre a flirté ou même dépassé les 20 degrés par endroits le jour de la St-Silvestre et le jour de l’An. Du coup, les abeilles sont sorties et se sont remises à travailler de manière précoce. Du jamais vu, selon les professionnels de la région. « J’étais lundi au rucher et c’était comme début mars. Le cycle de la vie a repris. Les reines ont commencé de pondre grâce aux grandes quantités de pollen ramenées par les abeilles. Et si le froid revient, la nourriture pourrait manquer à ces nouvelles bouches à nourrir », explique Sonia Burri-Schmassmann, la présidente de la Fédération jurassienne d’apiculture.
« On peut s’attendre à des pertes de colonies »
Les abeilles qui sortent des ruchers de manière précoce, c’est aussi le processus de pollinisation qui est enclenché. « Les abeilles cherchent actuellement leur pollen au niveau des noisetiers et des saules, mais les perce-neiges sont aussi déjà en floraison, ainsi que les dents-de-lion. Si les températures clémentes se maintiennent, on aura rapidement la pollinisation de tous les arbres fruitiers », confie Sonia Burri-Schmassmann.
« Les abeilles sont responsables de 80% de la pollinisation »
Le frelon asiatique, un grand souci
Par ailleurs, le frelon asiatique sera un enjeu majeur pour les apiculteurs en 2023. L’insecte a fait son apparition en Suisse ces dernières années et s’en prend aux abeilles. Les professionnels craignent maintenant son installation. La lutte contre le frelon asiatique n’est pas de tout repos et doit s’organiser. « C’est un grand souci. Pour limiter l’installation, nous aurions besoin de bases légales et le frelon asiatique n’est aujourd’hui pas classé dans les invasifs au niveau fédéral. On est un peu seul à essayer de se débattre », regrette Sonia Burri-Schmassmann. La Fédération jurassienne d’apiculture a donc mis en place un avant-projet qui consiste à étudier, sur une période de six ans, différentes mesures pour contenir le frelon asiatique. L’objectif serait au final d’élaborer une fiche technique comprenant des directives de lutte. La fédération est actuellement à la recherche de ressources financières. /rch