Vignoble neuchâtelois : la qualité avant la quantité

Y a-t-il un manque de terres viticoles dans le canton de Neuchâtel ? Peut-on planter librement ...
Vignoble neuchâtelois : la qualité avant la quantité

Y a-t-il un manque de terres viticoles dans le canton de Neuchâtel ? Peut-on planter librement de la vigne dans son jardin ? Quelles sont les règles ? Nous avons fait le point avec la Chambre neuchâteloise d’agriculture et de viticulture, ainsi qu’avec la Station viticole cantonale

Le vignoble neuchâtelois mise avant tout sur la qualité, comme ici, à Cressier. Le vignoble neuchâtelois mise avant tout sur la qualité, comme ici, à Cressier.

Le vignoble neuchâtelois se définit par sa richesse importante. C’est Yann Huguelit qui l’affirme. Le directeur de la Chambre neuchâteloise d’agriculture et de viticulture (CNAV) souligne la place occupée aujourd’hui par la production durable. Dans un vignoble qui s’étend sur 600 hectares, l’agriculture biologique est présente dans 50% des cultures. L’objectif est de réduire l’utilisation d’intrants et de poursuivre la hausse qualitative de la production. « Il y aura moins de raisin dans les vignes, mais le vin aura une qualité largement supérieure à la moyenne suisse ».

Le Canton de Neuchâtel a adopté ce positionnement dès l’intégration des appellations à origine contrôlée (AOC) mises en œuvre avec la politique fédérale. On cherche ainsi une rémunération au kilo de raisin ou respectivement au prix de la bouteille, plutôt que de chercher à faire du volume.

Yann Huguelit : 

Manque-t-il de la vigne dans le canton de Neuchâtel ?

Avec le positionnement qualitatif, les 600 hectares disponibles suffisent à couvrir globalement les besoins de la cinquantaine de vignerons professionnels répartis entre Vaumarcus et Le Landeron. Aujourd’hui, 30 hectares sont en zone constructible. Ils sont donc voués à disparaître. L’interprofession cherche des solutions pour les compenser, principalement dans leur secteur et prioritairement en zone agricole. « Mais tous les terrains agricoles ne sont pas forcément adaptés ou propices à la viticulture », explique Yann Huguelit, « il y a une question d’ensoleillement, de lourdeur du terrain, de pédologie… et une fois que l’on démarre, il y a toute la question financière à régler. » En effet, on estime qu’un hectare, donc 10'000 mètres carrés, implique environ 100'000 francs d’investissement. Et la vigne doit être soignée pendant deux ou trois ans pour atteindre, après quatre ou cinq ans, des niveaux de production de l’ordre de 50 à 60%.

Yann Huguelit :

Un cadre légal strict

La vigne est une culture pérenne, que l’on plante pour 20 ou 40 ans. Le choix du cépage n’est donc pas anodin. Il nécessite une planification à long terme. Et on ne peut écarter un changement d’habitude futur chez les consommateurs.

La vigne est ainsi une plante de longue durée qui est encadrée par toute une série de réglementations internationales, fédérales et cantonales. « Sa culture est surveillée, de la plantation jusqu’à la production du vin », explique Johannes Rösti, directeur de la Station viticole cantonale. « Les règles sont contraignantes, car la culture est très rigide de par sa pérennité. »

Concrètement, pour planter plus de 400 mètres carrés de vignes, donc environ 300 ceps, une autorisation doit être demandée à l'Etat. Le feu vert des autorités est également nécessaire si l’on souhaite produire et vendre du vin avec le fruit de sa vigne. « À partir de là, c’est comme déposer un permis de construire. Le dossier va circuler dans plusieurs services cantonaux. Une commission doit préaviser le dossier. À la fin, la décision fait l’objet d’une consultation publique », détaille Johannes Rösti. Une prise de contact préalable avec la Station viticole cantonale est vivement conseillée pour s’éviter les malentendus. En cas de violation des règles, des sanctions peuvent tomber, impliquant dans certains cas un arrachage forcé des ceps.

Johannes Rösti :

Le vignoble est protégé par la loi sur la viticulture de 1976. Toute vigne plantée sous autorisation est soumise à cette loi. C’est donc l’État qui est en charge de la protéger. Il faudra ainsi demander une autorisation pour arracher les ceps. Ce que peut refuser l’État. « On ne peut pas planter ce qu’on veut et on ne peut pas arracher ce qu’on veut », confirme Johannes Rösti. Seule exception, la vigne qui est sur une zone à construire peut être arrachée sans autorisation. Il faudra en tout cas prévenir la station pour qu’elle adapte les registres et les cadastres. /dsa


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