Le tribunal à Moutier livre jeudi son verdict dans le procès de cinq hommes des Balkans accusés de traite d'êtres humains et de viols sur des ex-épouses. La défense plaide l'acquittement alors que les parties plaignantes et le procureur demandent une condamnation.
Un père et ses quatre fils doivent répondre à des degrés divers de traite d'êtres humains, de mariage forcé, de lésions corporelles, de viols et de séquestration à l'égard de quatre jeunes femmes. Le patriarche aurait arrangé le mariage de ses fils en faisant venir depuis les Balkans des jeunes filles mineures.
Les faits se seraient déroulés durant une quinzaine d'années dans des villages du Jura bernois. Lors de ce procès très médiatisé, il a souvent été question de traditions ancestrales, de droit coutumier médiéval albanais (kanun), de code d'honneur ou de la place des femmes au sein de la famille.
Pour les avocats des parties plaignantes, le tribunal doit condamner les prévenus pour l'ensemble des préventions figurant dans l'acte d'accusation pour avoir fait vivre selon eux l'enfer à ces femmes. Les victimes présumées ont raconté avoir été frappées, avoir subi des violences sexuelles, avoir été menacées et vécu dans la peur.
Pour la défense, il s'agit d'une machination ourdie par ces quatre Albanaises contre leurs clients pour obtenir un permis de séjour. Lors de leur audition, les quatre fils se sont présentés comme des victimes de leurs ex-épouses. Comme leur père, ils ont contesté toutes les accusations.
Pas de preuves suffisantes
Dans son réquisitoire, le procureur a abandonné les accusations les plus graves de traite d'êtres humains et de viols par manque de preuves. Il a estimé que le dossier ne permettait pas d'établir les éléments constitutifs de ces infractions, ajoutant que les témoins externes manquaient dans ce huis clos familial.
Pour le père de famille, sur qui pèsent les plus graves accusations, le procureur a requis une peine de 2 ans de prison sans sursis, assortie d'une expulsion pour une durée de 5 ans. Pour les fils, il a demandé des peines allant de 60 jours à 8 mois de prison, assorties du sursis.
Face à deux versions des faits qui se contredisent totalement, le tribunal collégial de cinq juges devra fonder sa conviction sur la base de la crédibilité des témoignages.
/ATS