La prime moyenne de l'assurance obligatoire des soins pour 2023 a été révélée ce mardi. L'augmentation au niveau national se monte à 6,6%
La claque était attendue, elle est arrivée. L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a révélé ce mardi les primes d’assurance maladie pour 2023. L’augmentation moyenne se monte à 6,6% au niveau national. A Neuchâtel, la pilule sera encore plus grosse. La hausse se montera à 9,5%, la plus forte augmentation du pays selon les projections de L'OFSP. Une des raisons principales de cette hausse réside dans un effet de rattrapage post-Covid. Les interventions médicales reportées pendant la pandémie sont reparties à la hausse dès le deuxième semestre 2021, moment où les primes 2022 étaient déjà fixées. Les cantons rattrapent donc aujourd’hui près d’une année et demie de primes insuffisamment élevées.
Pour la conseillère d’Etat neuchâteloise en charge de la cohésion sociale, Florence Nater, Neuchâtel pourrait avoir été plus touché que d’autres par cette situation
Neuchâtel, hausse la plus conséquente du pays
Pour le canton de Neuchâtel, la prime des adultes (incl. franchises à option et modèles) de l'assurance obligatoire des soins connaîtra une augmentation moyenne de 38.20 francs par mois (+9%) et atteindra 462.10 francs. La prime des jeunes adultes augmentera de 22.60 francs (+7.6%) par mois et atteindra 318.60 francs en moyenne et celle des enfants augmentera en moyenne de 8.4 francs (+7.6%) et s'élèvera à 118.30 francs.
Le Conseil d'Etat neuchâtelois veut agir pour lutter contre la dérive
Le Conseil d'Etat neuchâtelois ne veut pas rester spectateur de la dérive du système de santé et des difficultés qu'engendre la LAMal. Neuchâtel, qui enregistre la plus forte hausse des primes maladie avec +9,5%, aimerait limiter la consommation effrénée de prestations médicales.
La LAMal, qui ne prévoit aucune limite financière dans les prestations et dans la consommation médicale, met le système de santé dans des difficultés sévères, a déclaré mardi le conseiller d'Etat Laurent Kurth, en charge de la santé, devant le Grand Conseil.
Selon Laurent Kurth, les ressources financières manquent, les primes maladie deviennent « impayables » et les ressources humaines font défaut. « Il y a une pénurie de médecins de premier recours, un épuisement du personnel et une impossibilité de recruter et les EMS sont saturés », a expliqué le conseiller d'Etat.
Les coûts de la santé, qui se montent à 500 millions de francs par an pour le canton de Neuchâtel, subsides LAMal compris, augmentent de 4% chaque année. Le Conseil d'Etat veut reprendre la main pour éviter un rationnement progressif, sans priorisation. « Il faut restituer des moyens de pilotage » au politique pour que des priorités claires de santé soient introduites.
Subsides à la hausse
La conseillère d'Etat Florence Nater, en charge de la cohésion sociale, a expliqué que le canton a subi un effet de rattrapage car les primes n'avaient augmenté que de 0,2% en 2021 et reculé de 0,1% en 2022. « C'est une très mauvaise nouvelle pour la population. Pour une famille avec deux adultes et deux enfants, cela représente une hausse de 100 francs par mois ».
Comme les primes maladie augmentent, alors que le pouvoir d'achat est en baisse, le canton va devoir adapter sa grille de subsides à la hausse pour garantir la même intensité de soutien, a ajouté Florence Nater. L'entier de l'augmentation ne pourra toutefois pas être pris en charge.
Le cercle des bénéficiaires neuchâtelois des subsides pourrait être étendu pour soutenir également les moyens revenus. Le canton aimerait que la Confédération tienne compte de la situation particulière, en lien avec la perte de pouvoir d'achat, et augmente sa contribution.
Florence Nater, conseillère d’Etat neuchâteloise en charge de la cohésion sociale
Une hausse également constatée au niveau national
La prime moyenne atteindra 334,70 francs, en hausse de 6,6% par rapport à 2022. En cause, la pandémie de Covid-19, qui a fortement impacté les coûts de santé, et un effet de rattrapage a indiqué ce mardi l'OFSP. La hausse annoncée pour 2023 est la plus forte depuis 2010.
Une augmentation dans tous les cantons. La hausse sera comprise entre 3,9% et 9,5%, selon les projections publiées mardi par l'Office fédéral de la santé publique (OFSP). La prime moyenne des adultes atteindra les 397,2 francs, celles des jeunes adultes se montera à 279,9 francs. Pour les enfants la prime atteindra une moyenne de 105 francs.
Pandémie et guerre en Ukraine
Le bond pour 2023 s'explique essentiellement par la pandémie de Covid-19, qui a généré des coûts directs, comme les traitements des patients hospitalisés ou la vaccination. A ceux-ci s'ajoutent des coûts indirects, découlant par exemple d'interventions médicales reportées (effet de rattrapage), qui ont décollé dès le deuxième semestre de 2021.
En 2021, les coûts de la santé ont au final augmenté de 4,5%. Et la tendance s'est poursuivie au cours du premier semestre 2022. Lors de l'approbation des primes 2022, soit à l'été 2021, il n'était toutefois pas possible de prévoir une telle accélération des coûts supérieure à la moyenne. Par conséquent, les primes 2022 n'ont pas été fixées à un niveau suffisamment élevé, selon l'OFSP.
Si les réserves des assureurs ont permis d'atténuer une partie de la hausse des primes, leur marge de manoeuvre s'est révélée plus limitée cette année. Selon les projections des assureurs en juillet dernier, les réserves disponibles pourraient être nettement inférieures à 10 milliards de francs début 2023.
Car, outre les coûts de prestations, les pertes enregistrées sur les marchés financiers en raison de la guerre en Ukraine et de la hausse des taux d'intérêt ont aussi réduit le niveau des réserves, et donc affecté le niveau de solvabilité des assurances. Même réduites, les réserves des assureurs respectent toujours le seuil minimal fixé dans la loi, rassure l'OFSP.
Projets pour maîtriser les coûts
Au-delà de la pandémie, les coûts de la santé vont continuer d'augmenter à l'avenir, ne serait-ce qu'en raison de l'évolution démographique. Les pistes pour économiser sont connues et des mesures ont déjà été prises, comme la réduction des tarifs des laboratoires et des prix des médicaments ainsi que dans le domaine des évaluations des technologies de la santé (ETS).
D'autres projets sont sur la table. Début septembre, le Conseil fédéral a transmis au Parlement un deuxième paquet de mesures visant à promouvoir les réseaux de soins coordonnés. Il a aussi mis en consultation un contre-projet à l'initiative du Centre "Pour des primes plus basses" ainsi qu'une modification de l'ordonnance sur l'assurance-maladie pour faire économiser grâce, par exemple, aux génériques.
ATS-cro