A Neuchâtel, les partisans de l’initiative ont lancé jeudi leur campagne en vue de la votation du 29 novembre. Ils dénoncent notamment un contre-projet trop complaisant envers les grandes entreprises
Plusieurs personnalités politiques neuchâteloises s’engagent en faveur de l’initiative « Pour des multinationales responsables ». Ils étaient quatre, ce jeudi, a apporté leur soutien au texte lancé par l’ancien conseiller aux Etats PLR Dick Marty.
L'initiative veut obliger les grandes entreprises qui ont leur siège en Suisse à surveiller régulièrement les conséquences de leurs activités sur les droits de l'homme et l'environnement, également hors de nos frontières. Celles manquant à ce devoir de diligence devraient répondre des dommages causés. Et cela concernerait aussi les sociétés qu'elles contrôlent sans participer directement aux activités incriminées.
Premier à prendre la parole, Marc-André Nardin, député libéral-radical, a vivement défendu l’initiative en appelant au sens moral et humain. L’ancien président du Grand conseil neuchâtelois a estimé que « la liberté d’entreprendre, qui est le sel même de notre société, ne saurait se conjuguer sans la responsabilité ». Il conteste d’ailleurs l’effet pervers que pourrait avoir cette initiative pour l’économie suisse, argument régulièrement avancé par ses opposants.
Marc-André Nardin :
Céline Vara a rapidement renchéri. Pour la conseillère aux Etats verte, on ne peut pas s’opposer aujourd’hui à une initiative qui cherche à poursuivre les gens ou les entreprises qui commettent une faute grave, une atteinte à l’environnement ou aux droits humains, en les déresponsabilisant.
L’argument est également soutenu par la co-présidente du PDC Neuchâtel Nathalie Schallenberger et par Maxime Auchlin, secrétaire général des Vert’libéraux Neuchâtel. Les deux politiciens ont également fait référence aux dégâts supposés que pourrait provoquer l’initiative aux PME par effet domino, avertissement brandi par les partisans du « non ». « Aucun risque », ont-ils assuré, puisque le texte précise bien que les petites et moyennes entreprises ne sont pas concernées.
Contre-projet insatisfaisant
Le Parlement fédéral a récemment proposé un contre-projet à cette initiative. Toutefois, celui-ci ne convainc pas les initiants qui le qualifient de « pantalonnade » ou encore « d’alibi ». Défendu par le Conseil des Etats et le Conseil fédéral, ce contre-projet oblige les multinationales à rendre un rapport annuel sur leur politique dans le domaine des droits de l’homme, ainsi qu’à un devoir de diligence, particulièrement en matière de travail d’enfants et de minerais de conflit. Des exigences jugées très insuffisantes pour responsabiliser les grandes entreprises.
Marc-André Nardin :
L’initiative « Pour des multinationales responsables » jouit du soutien de 130 organisations de la société civile, de près de 300 dirigeants d’entreprise, de 500 politiciens de tous bords et des églises nationales catholique et réformée, peut-on lire dans un communiqué.
Le peuple décidera dans les urnes le 29 novembre. /dsa