Réforme de l’enfance : quand la politique ne colle pas au terrain

Le collectif Prends soin de mon doudou et ses partenaires ont adressé aux autorités un rapport ...
Réforme de l’enfance : quand la politique ne colle pas au terrain

Le collectif Prends soin de mon doudou et ses partenaires ont adressé aux autorités un rapport qui relève les points faibles de la nouvelle politique de l’enfance du Canton de Neuchâtel. Il se base sur des observations de terrain

Le Conseil d’État neuchâtelois entend réduire l'accueil d'enfants en internat (comme ici le bâtiment de Belmont à Boudry de la Fondation L'Enfant c'est la vie - Photo d'archives). Le Conseil d’État neuchâtelois entend réduire l'accueil d'enfants en internat (comme ici le bâtiment de Belmont à Boudry de la Fondation L'Enfant c'est la vie - Photo d'archives).

La politique de l’enfance du Canton de Neuchâtel est une nouvelle fois mise sous le feu des projecteurs. Le collectif Prends soin de mon doudou revient à la charge avec un rapport remis mercredi aux députés du Grand Conseil et basé sur des observations menées sur le terrain entre janvier 2019 et mai de cette année. Le document contient une multitude d’exemples où la réforme met à mal l’accompagnement des enfants. Pour rappel, cette nouvelle politique vise à réduire drastiquement le nombre d’enfants placés en institution. La réforme mise sur le maintien des jeunes au sein de leur famille avec un soutien ambulatoire, ainsi que sur la création de familles d’accueil.

Pour le collectif, ces familles d’accueil ne sont pas suffisamment formées pour faire face aux réalités qui les attendent. Celles-ci doivent par exemple composer avec les parents biologiques du jeune qu’elles accueillent, contrairement à une adoption. Il arrive que des situations implosent et que certaines familles d’accueil doivent se séparer de l’enfant, ce qui signifie un nouveau bouleversement pour celui-ci qui doit retourner en institution.

Pour le collectif et ses partenaires, il y a un risque de déprofessionnalisation et par conséquent d’impact sur les enfants. Alors que des écoles spécialisées forment des professionnels sur plusieurs années, les familles d’accueil n’ont que quelques heures de formation pour assurer la même mission.

Le collectif met également en avant les difficultés du Canton à atteindre les 60 familles d’accueil prévues, « alors que 32 places vont disparaître à l’été 2021 en internat pour les 0 à 6 ans », peut-on lire.


Fermeture de la Coccinelle jugée précipitée

A ce sujet, la fermeture l’été passé de l’accueil de jour de la Coccinelle est vu comme une mesure précipitée. Le collectif indique que certains enfants ont dû être placés en urgence au foyer de la Ruche et que cette situation provisoire perdure faute d’alternative.

Un autre élément relevé par les auteurs concerne les structures pré et parascolaires. Dans la vision du gouvernement, celles-ci étaient appelées à prendre en charge des enfants issus des institutions et présentant parfois des troubles du comportement. Faute de moyens d’accompagnement suffisants, ces acteurs ont mis le holà et la situation sur ce plan est gelée, selon le rapport.


Soutien ambulatoire encore à affiner

Le collectif s’interroge également sur le fait que le soutien ambulatoire se caractérise par une adhésion volontaire et non pas contraignante des parents. Selon lui, cela peut ne pas fonctionner dès lors que les familles ont déjà souvent de la peine à reconnaître leurs difficultés et à accepter une aide externe. Le soutien intensif de 2 heures par jour est par ailleurs jugé insuffisant selon la gravité des situations.

Autre critique soulevée par le rapport : le Conseil d’Etat souhaite fermer les lieux d’accompagnement parent/enfant (APE) pour déplacer ce type d’offre vers d’autres structures et créer de nouvelles mesures ambulatoires de soutien à la parentalité. Pour le collectif, on perd de l’expertise d’un côté et tout est à reconstruire de l’autre.

Face à ces divers constats, le collectif et ses partenaires formulent plusieurs requêtes. Ils demandent au Conseil d’État de revoir le calendrier tant que les alternatives ne sont pas suffisantes. Ils appellent le gouvernement à consulter davantage les professionnels du terrain et à ne plus opposer résidentiel et ambulatoire pour créer une logique de collaboration.

Le collectif dit ne pas s’opposer à cette réforme mais conteste la façon dont elle se déploie et les conséquences que cela engendre sur les enfants concernés. /sbe


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