Sepp Blatter reste président de la FIFA. A 79 ans, le Valaisan a été réélu vendredi à Zurich pour un cinquième mandat à la tête du football mondial. Après la tempête judiciaire qui s'est abattue sur la FIFA depuis les arrestations de mercredi, Sepp Blatter, plus contesté que jamais, a senti le vent du ballon en manquant pour 7 voix une réélection dès le 1er tour.
Au terme d'un scrutin au bulletin secret à l'occasion du Congrès de la FIFA à Zurich, le Suisse a recueilli 133 voix contre 73 à son adversaire, soutenu par l'UEFA de Michel Platini, le prince jordanien Ali ben al Hussein. Il manquait ainsi la majorité requise des deux tiers. Peu après 19h15, le prince a jeté l'éponge, ouvrant la voie royale à Sepp Blatter.
Déjà chahuté par le passé, le Haut-Valaisan n'avait jamais eu à affronter une vague d'oppositions aussi forte que celle qui s'abat sur lui et la FIFA depuis mercredi. Au point que même certains gouvernements ont appuyé leurs fédérations, comme la France ou l'Angleterre, pour que les réformes que la justice rend désormais inévitables à la FIFA soient conduites par un homme neuf.
Un leader "fort"
La majorité fidèle à Sepp Blatter en a décidé autrement, estimant, comme lui, qu'il reste l'homme de la situation. La FIFA a en effet besoin d'"un leader fort et expérimenté qui connaît toutes les implications", a-t-il déclaré, en français, dans son discours de candidat avant le vote. Visiblement ému, il a ajouté: "Je voudrais juste rester et continuer avec vous".
"Nous allons ramener le bateau (de la FIFA) là où on joue au football. Je promets de donner une FIFA plus forte à mon successeur", a-t-il poursuivi quelques temps plus tard, soulagé peu après le vote.
Le chantier est énorme et les deux procédures pénales rendues publiques mercredi obligent désormais la FIFA à davantage de transparence. Sept responsables de la FIFA et d'organisations affiliées ont en effet été arrêtés mercredi matin à Zurich. Des documents et des données ont été saisis au siège de la fédération mondiale de football.
Sept personnes en détention
Les sept responsables ont été placés en détention en vue de leur extradition vers les Etats-Unis. Originaires d'Amérique du Sud ou de Grande-Bretagne, tous se sont opposés à leur extradition dont la procédure ne devrait pas excéder six mois.
Au total, 14 personnes sont inculpées aux Etats-Unis pour corruption. Elles risquent jusqu'à 20 ans de prison pour crime organisé, escroquerie, corruption et blanchiment d'argent. Neuf sont des membres ou d'anciens membres de la FIFA, cinq des responsables du marketing sportif.
Vendredi, les autorités de poursuite judiciaires britanniques ont annoncé disposer de matériel incriminant des officiels de la FIFA. Des enquêtes ont aussi été ouvertes en Grande-Bretagne, a fait savoir le Serious Fraud Office.
Procédure en Suisse
La FIFA est aussi dans le collimateur de la justice suisse. Dans le cadre d'une procédure pénale ouverte le 10 mars, le Ministère public de la Confédération (MPC) a saisi mercredi des documents et des données électroniques au siège de l'organisation à Zurich. Ces documents sont liés à l'attribution des Coupes du monde de football 2018 à la Russie, et 2022 au Qatar.
Le MPC a en outre ordonné à des établissements financiers suisses de lui transmettre des documents bancaires. Cette procédure pénale fait suite à une plainte déposée par la FIFA elle-même le 18 novembre 2014. /ats